Outre les Erasmus et autres années sabbatiques, le système au pair est un bon moyen de découvrir un pays en profondeur sans trop délier la bourse. Mais s’intégrer dans le quotidien d’une famille étrangère n’est pas toujours aisé. Témoignages.
Photo de couverture : Clara Soler Chopo – mairie de Barcelone
Comment partir à la rencontre d’un pays quand on ne veut pas y étudier et qu’on ne connait ni la langue, ni ses habitants ? Question complexe à laquelle des milliers de jeunes Français répondent : au pair. Être au pair, c’est quand un ou une jeune part vivre dans une famille pour s’occuper des des enfants en échange du gîte, du couvert et d’une petite somme d’argent de poche.
« Il ne faut pas le voir comme un travail mais comme un échange de services », nous dit Émilie, pour qui son expérience au pair a été « la meilleure décision de [sa] vie ». Elle est passée comme de nombreux autres jeunes par un organisme appelé Aupairworld, leader de ce genre de plateforme, qui revendique 30 000 futures au pairs et 12 000 familles d’accueil en recherche active. Ces sites mettent en contact les jeunes et les familles. Sur le site, pas de frais d’inscription pour les jeunes mais des frais de placement pour les familles, d’environ 50 euros. Certaines autres entités chargent les jeunes, 200 euros pour la plateforme française Les Pipelettes, par exemple.
Ensuite, le site connecte les deux entités, qui se rencontrent en visioconférence puis doivent fournir des documents (photos, pièces écrites) afin de mieux se connaitre . »Ça donne vraiment confiance », raconte Émilie, arrivée en 2020 pour s’occuper de trois petites filles et est ensuite restée habiter à Barcelone, « parce que la famille chez qui j’étais m’a fait tomber amoureuse de la ville ».
Photo : Clémentine Laurent
Lui aussi est tombé amoureux de la ville en partie grâce à son expérience au pair. « Il n’y a pas que des filles au pair », nous raconte Flavien, un jeune Belge venu vivre cette expérience particulière dans une famille franco-catalane vers Zona Universitaria. Pour lui, l’aventure a été bénéfique, et il explique que « l’avantage, c’est que tu découvres une ville et un pays, tu es immergé dans la culture, et logé et nourri », des conditions presque idéales pour le jeune homme, qui l’ont convaincu de venir s’installer par la suite dans la cité comtale.
Néanmoins, il confie que la relation avec le petit garçon dont il s’occupait a été complexe. Les familles qui cherchent des au pair suivent souvent le même schéma : des familles fortunées, des parents absents et des enfants-rois. Une situation qui peut parfois faire des dégâts, témoigne Flavien. Même constat pour Emmie, une jeune Nantaise qui a tout juste décidé d’arrêter son expérience au pair, un mois avant la fin prévue.
« Quand toute la journée c’est conflictuel il faut partir »
C’est à Sitges que la jeune femme tout juste sortie du lycée s’est établie en mars, avec à sa charge un petit garçon de 3 ans. Rapidement, la ligérienne a réalisé que l’éducation des parents n’était pas celle qu’elle envisageait. Le petit garçon était capricieux, turbulent, faisait des crises, jusqu’à la goutte de trop : il met un coup de pied à la Française.
C’en est trop pour elle, qui décide de mettre fin à l’aventure. « Quand toute la journée c’est conflictuel il faut partir. Depuis le début de l’été il était en crise constante. C’est dommage que ça se termine comme ça, je sais que pour d’autres ça s’est bien passé, je ne regrette pas mais je ne le referai pas », conclut celle qui a quand même adoré son expérience, beaucoup progressé en espagnol et s’est fait de grandes amies, chez qui elle loge en attendant de rentrer dans la cité des ducs.
L’expérience au pair n’est pas une mince affaire, « à ‘entretien il faut absolument poser des questions », conseille Emmie. S’intégrer dans un nouveau pays et un nouveau schéma familial donne autant de sécurité que d’imprévisibilité. Certes, on ne se retrouve pas seul dans son expatriation, mais avec une famille que l’on a qu’à moitié choisie.