Le tardeo, ou fête d’après-midi, fait de plus en plus d’adeptes dans la cité catalane. Enquête sur un phénomène.
Des clubs berlinois ouverts tout le week-end à la (feu) Concrete parisienne en passant par les tardeos barcelonais et les Day Clubs de la grosse pomme… Le tardeo fait d’ores et déjà partie du paysage électronique mondial. À Barcelone, ville pourtant réputée pour ses horaires décalés et ses nuits blanches, cette tendance fait aussi son chemin avec des évènements comme le Soundit ou le Brunch Electronik dont la prochaine édition se tiendra le 11 août prochain pour ouvrir sa saison aoûtienne.
Le concept est simple : des line-up electro entre 13 et 20h, en extérieur pour danser sous le soleil plutôt que sous les étoiles. Et si les tardeos ont vu le jour en 2021, pendant l’épidémie de Covid-19, cette nouvelle manière de faire la fête n’est pas près de perdre du terrain et séduit de plus en plus.
Pour Kristine, expatriée à Barcelone depuis 4 ans et habituée de soirées électros, on reste bien loin des matinales londoniennes ou new-yorkaises, où des salariés survitaminés vont danser avant d’aller au bureau. « La seule différence avec un club normal se tient dans le fait que cela se passe la journée. On retrouve les mêmes excès que la nuit. Les gens y vont pour écouter de la musique bien sûr, mais aussi pour se défouler, après leur semaine de travail. »
Si on peut penser que cette tendance a été insufflée par la Gen Z, qui, selon un rapport de l’OMS, serait la plus sobre de l’histoire, Kristine dément : « j’ai l’impression que la tranche d’âge tourne plutôt autour de la trentaine, que cela soit au niveau de l’organisation que des participants. »
« Plus inclusif pour les abstinents »
Xavi Jané, directeur de la discothèque La Pikkara confirme à nos confrères d’El Periodico « Le marché est en plein essor et spécialement auprès des 25 – 40 ans. Les moins de 25 ans, eux, continuent à préférer la nuit. »
Son établissement ouvert vendredi et samedi soirs a d’abord proposé des tardeos le dimanche, et devant le succès rencontré, étendu son offre au samedi après-midi.
Une fête qui se termine à 20h permet d’enchaîner sur un verre avec des amis, ou de rentrer chez soi plus tôt pour se réveiller en pleine forme le lendemain, mais favorise l’éclectisme. En effet, que cela soit au Brunch Electronik, au Berghain ou dans un Open Air parisien, il est de plus en plus commun de croiser au milieu des clubbers électrisés, joggeurs, yogis et autres fêtards du dimanche, venus passer un moment à danser après leur séance de sport.
Nadia, artiste nomade et fan de musique électronique depuis son adolescence, a arrêté de boire il y a quelques années. Pour elle, « c’est génial de se lever un dimanche, d’enfiler ses baskets et d’aller danser. » Les tardeos lui ont permis de renouer avec son appétit de la danse tout en respectant ses horaires. « Bien sûr, certains boivent, mais il y a même un espace pour les enfants : le Petit Brunch, et en règle générale, je trouve que les gens ont plus de tenue l’après-midi. C’est peut-être dû au fait que l’on soit en plein jour, ou à la diversité des participants. À titre personnel, je trouve qu’il s’agit d’un cadre plus inclusif pour les abstinents.»
Profiter de la musique et de la convivialité en intégrant la fête à notre quotidien, sortir le dimanche sans sacrifier sa semaine… Le tardeo est en passe de devenir représentatif de la fiesta à la sauce Millenial garantie (presque) sans gueule de bois. De là à remplacer la nuit ? Seul l’avenir nous le dira.