Votre employeur vous appelle pendant vos vacances ? Il risque (très) gros

télétravailler à barcelone

La question de la déconnexion numérique reste un enjeu majeur en Espagne, où les lois existent pour protéger les employés, mais où les infractions persistent en raison de la précarité des contrats de travail.

Photo de couverture : Equinox

On avait enfin déposé valises et soucis. Le cerveau en mode off, les pieds en mode plage. Et puis, c’est le drame : un mail professionnel ou la sonnerie d’un smartphone vient tout gâcher. L’employeur, insensible à notre besoin de décompresser, vient titiller notre fragile bulle de détente.  La frustration monte, et à ce rythme, on devrait bientôt demander des indemnités pour trouble de la tranquillité et exiger une loi interdisant tout contact professionnel pendant les congés… Ah non, ça, ça existe déjà.

Et oui : la loi sur la déconnexion numérique est entrée en vigueur en 2018. Elle interdit strictement aux employeurs de contacter les employés pendant leurs vacances ou en dehors de leurs heures de travail, sans aucune exception possible, nous indique Miguel Fadrique, secrétaire général du syndicat CGT. Un sujet particulièrement pertinent en cette période estivale, dans le contexte actuel où la frontière entre vie professionnelle et vie privée devient de plus en plus floue en raison des nouvelles technologies.

« En Espagne, la loi sur la déconnexion numérique stipule clairement que l’employeur ne peut pas entrer en contact avec l’employé à aucun moment en dehors des heures de travail, que ce soit pendant les vacances ou après la fin de la journée de travail », nous explique Miguel Fadrique.

Il précise que cette réglementation vise à protéger les travailleurs contre l’intrusion de leur vie professionnelle dans leur vie personnelle, assurant ainsi un équilibre sain entre les deux. « La loi de déconnexion numérique est là pour garantir que les employés peuvent profiter de leur temps libre sans être perturbés par des obligations professionnelles », ajoute-t-il.

Les sanctions en cas de violation

Concernant les sanctions prévues en cas de non-respect de cette loi, le représentant syndical indique que les amendes peuvent varier de 750 à 7500 euros. « Si un employeur viole cette règle et contacte un employé en dehors des heures de travail, il peut être sanctionné, selon la gravité de l’infraction et la taille de l’entreprise », précise-t-il.

Il souligne toutefois que malgré la législation en place, certaines entreprises continuent d’exploiter les employés, en particulier ceux qui ont des contrats précaires. « Il y a beaucoup d’entreprises et de chefs qui profitent de la précarité des travailleurs avec des contrats temporaires ou instables pour contourner ces règles. Cela crée une situation où les employés ont peur de dénoncer ces infractions », déclare-t-il.

Les secteurs les plus touchés

Miguel Fadrique identifie plusieurs secteurs particulièrement touchés par cette pratique. « Les secteurs de l’hôtellerie, du commerce et de l’industrie sont souvent ceux où ces infractions sont les plus fréquentes. Dans ces secteurs, les changements de tours (shifts) et d’horaires sont généralement communiqués en dehors des heures de travail, ce qui est illégal », affirme-t-il.

Barcelone

Le secteur de l’hôtellerie et de l’horeca sont particulièrement touchés par le non-respect de la déconnexion numérique.

Il ajoute que dans ces industries, les travailleurs sont fréquemment soumis à des conditions de travail précaires et sont plus vulnérables aux abus. « Les entreprises utilisent souvent les contrats précaires comme une arme pour imposer des exigences illégales, sachant que les employés hésiteront à dénoncer ces pratiques de peur de perdre leur emploi », observe-t-il.

C’est ici que les syndicats entrent en jeu pour protéger les droits des travailleurs. « Les syndicats jouent un rôle crucial dans la défense des travailleurs. Si un employé signale une infraction, nous pouvons intervenir et assurer que la loi soit respectée. Bien que cela puisse être intimidant, il est crucial que les travailleurs dénoncent les violations de leurs droits. Il est important qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent compter sur le soutien des syndicats », insiste-t-il. Bref, si votre employeur vous appelle alors que vous êtes en plein farniente, vous savez désormais quoi faire…

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