Alors que Paris brillera aux couleurs olympiques ce soir, Barcelone se remémore avec émotion ses propres Jeux, en 1992. Un événement qui a transformé la ville et marqué les esprits des habitants, dont bien sûr les expatriés français.
Photos : Serge Bourgeois / DR
« On ne s’est pas rendu compte tout de suite de l’impact que cela aurait sur Barcelone ». Philippe Saman, ancien directeur de la Chambre de Commerce française, se souvient surtout des sentiments de fierté et de joie qui envahissaient alors la ville. Passionné de sport, il a assisté aux cérémonies d’ouverture et de clôture, ainsi qu’à plusieurs épreuves. « C’étaient encore des Jeux à taille humaine, il n’y avait pas les enjeux sociaux ou politiques, ni même de sécurité que l’on peut observer maintenant », nous raconte-t-il depuis Paris, où il s’est justement rendu pour les JO.
Son ami Serge Bourgeois, qui travaillait alors dans le marketing, se souvient lui aussi de la joie ambiante dès l’annonce de la sélection de Barcelone, en 1986. « Je ne te raconte pas la fête qui s’est montée ce jour-là sur la Place Catalunya, avec le maire de l’époque qui sautillait sur la scène ! ». Puis commencèrent les grands travaux et une ville durant des années sans dessus dessous : refonte totale du front de mer, création des périphériques, ravalements de façades, rénovations tous azimuts. « Barcelone retrouvait une jeunesse, c’était merveilleux ».
Pris dans cet enthousiasme ambiant, les Barcelonais ont pris une part active dans l’organisation, et notamment à travers tous les jeunes volontaires mobilisés. « Nous avons vécu les Jeux à fond, c’est l’une de mes meilleures expériences », raconte Claire, qui étudiait à l’époque au Lycée français de Barcelone. « La ville s’ouvrait au monde, avec des athlètes et des visiteurs du monde entier, c’était complètement nouveau ! », se remémore la désormais guide touristique.
Un héritage sportif encore vivace
Et pour cette jeunesse en particulier, le sport est vite devenu une valeur du quotidien. « Tout le monde s’est mis à faire du sport, on voyait des gens en faire dans la rue, cela a créé un renouveau sportif », raconte Serge Bourgeois. Un héritage qui, 32 ans plus tard, perdure : Barcelone est l’une des villes les plus sportives d’Europe avec 66% des habitants qui font de l’exercice régulièrement, 17 points de plus que la moyenne européenne.
« Ma génération a été très marquée par les JO », confirme Claire, qui se remémore aussi le passage émouvant de la flamme olympique. La foule était dense, les enfants et les adolescents couraient derrière, c’était la tombée de la nuit, et « c’était magique » selon Serge Bourgeois.
Et puis, il y a eu cet hymne, qui fait encore vibrer les Barcelonais de naissance comme d’adoption : la chanson Barcelona interprétée par Freddie Mercury et Montserrat Caballé. La première fois que Serge Bourgeois l’a entendue, c’était aux fontaines magiques, spécialement rénovées pour l’occasion. Il descend alors de Montjuic, où il assisté à une épreuve de water-polo. La chanson résonne au rythme des jets d’eau. « Ça te prenait aux tripes ».
Des épreuves, lui et son ami Philippe en verront plusieurs, notamment d’athlétisme, avec la victoire mythique de Marie-José Pérec. Il garde encore le souvenir vivace d’un match de water-polo à la piscine de Montjuic, « avec une vue splendide sur Barcelone » et des athlètes « qui jouaient fort ». C’était un France – Etats-Unis, mais il ne sait plus qui avait gagné. Car finalement, comme disait Pierre de Coubertin, fondateur des JO modernes, qu’importe la victoire, « l’important, c’est de participer ».