On dit souvent que les voyages forment la jeunesse. Et si ils formaient aussi (et mieux) les un peu moins jeunes ? En 2023, selon l’organisme InterNations, 60% des expatriés dans le monde avaient plus de 40 ans : un bel âge pour aller voir ailleurs.
Photo de couverture : Clémentine Laurent
« Si j’avais fait Erasmus à 20 ans, je l’aurais vécu moins sereinement », confie Géraldine, 42 ans et commerciale, qui s’apprête à tenter l’aventure barcelonaise. Comme elle, ils sont des dizaines à demander conseil sur des forums (Facebook, Reddit…) concernant leur expatriation tardive. En effet, on n’est pas accompagnés de la même manière à 20 ans qu’à 40.
Si les écoles offrent aux jeunes des chances de partir étudier, faire des stages ou même travailler à l’étranger tout en leur fournissant des logements ou des conseils sur l’installation, ce n’est pas aussi simple quand on est seuls. S’ajoutent à ça, (souvent mais pas tout le temps) la pression familiale de s’occuper de ses parents et de ses enfants.
Pourtant, quelqu’un de plus de 40 ans qui arrive sur le marché du travail d’un autre pays a bien des avantages sur ses cadets, qui ont le malheur d’être très nombreux et avec un profil similaire. En 2021, le profil-type de l’expat était un homme ou une femme (les chiffres sont équivalents) de 34 ans ayant fait des études universitaires. Face à ces personnalités ressemblantes, un expat plus âgé et avec d’autres expériences peut tirer son épingle du jeu. D’ailleurs, le marché de l’emploi à Barcelone leur sourit, car les 41-44 ans sont ceux qui sont le moins au chômage, selon la mairie.
« À mon âge, je sais ce que je vaux »
C’est aussi ce qu’avance Géraldine, pétillante brune à la voix grave. Sans mari, sans enfant, elle admet qu’avancer sans attaches est pour elle la clé de la réussite de ce genre de défi . Elle évoque notamment une certaine stabilité financière, qui permet d’avoir un confort de vie immédiat en louant un appartement rapidement, par exemple.
Une donnée avantageuse à Barcelone où le marché immobilier est sans merci avec les jeunes aux faibles revenus, souvent considérés peu fiables. C’est en tout cas ce que nous disait l’agent immobilier basée à Barcelone Laure Condamine dans un précédent article : « ils [les propriétaires] cherchent la sécurité, et quand on leur dit que leurs futurs locataires sont eux-mêmes propriétaires, ça rassure ». Et statistiquement, bien sûr, il est plus probable d’être propriétaire après 40 ans.
Photo : Equinox
Malgré ces caractéristiques qui jouent en sa faveur, Géraldine s’est déjà heurtée à des rejets à cause de son âge. Celle qui a quitté son travail de commerciale à Nice pour tenter l’aventure à l’étranger est encadrée par le programme Erasmus + et doit trouver un stage de trois mois, parfois avec peine : « j’ai eu un entretien où j’ai senti qu’ils auraient préféré un jeune pour qu’il soit plus malléable ». Face à cette attaque, la quarantenaire value la confiance en soi : « à mon âge, je sais ce que je vaux et je ne vais pas faire me faire avoir par des arnaques de jobs ou de logements par exemple ».
Une fois que le travail et le logement sont assurés, les expats le savent, il faut construire un cercle social. Sur ce point, Géraldine la sociable ne s’inquiète pas. Elle sait qu’à Barcelone, quand on est Français, les opportunités de rencontres ne manquent pas, que l’on ait 20, 40 ou 60 ans.