Alors qu’elle reste une destination de vacances privilégiée, l’Espagne n’est classée que 7e parmi les pays accueillant le plus d’expatriés français selon les chiffres consulaires. Explications.
Arrivé d’Amsterdam à Barcelone il y a tout juste deux ans, Eric s’apprête à refaire ses cartons pour entreprendre le chemin inverse. « Ça n’a pas été une décision facile à prendre ». Attiré par la douceur de vivre catalane, le trentenaire a dû se rendre à l’évidence : il ne retrouverait pas ici un poste dans l’audiovisuel à la hauteur de son parcours et au même salaire que dans le nord de l’Europe.
Après avoir enchaîné plusieurs centres d’appels, perfectionné son espagnol et même son catalan, il préfère jeter l’éponge « avant qu’il ne soit trop tard et que tu te retrouves avec un gros trou dans ton CV ». Déçu par le marché du travail mais aussi le coût de la vie et en particulier celui des logements par rapport aux salaires, le Nancéen refuse de tout sacrifier au soleil et à la plage. « Je ne suis pas venu ici pour des vacances prolongées, je pensais pouvoir construire une vie ».
Un marché de l’emploi compliqué
L’Espagne continue d’attirer des expatriés, chaque année plus nombreux, mais reste en septième position mondiale selon les chiffres du registre des Français de l’étranger. Pourtant, selon une récente enquête Internations, ce serait la 4e meilleure destination pour vivre une expatriation, notamment pour son climat, son art de vivre, sa facilité d’installation et son service de santé performant.
Alors qu’est-ce qui retient encore les Français ? « La peur de ne pas pouvoir poursuivre ma carrière », répond Elisa, 28 ans et communicante à Paris. Et parmi ceux qui sautent le pas, beaucoup « repartent au bout de 2 ou 3 ans, trouver un emploi est plus difficile que ce qu’ils imaginaient et quand il se rendent comptent que la plage, le soleil et les tapas c’est bien un moment », confirme Julien Mur, fondateur du cabinet Black Recruitment.
La barrière de la langue
Le coût de la vie, notamment à Barcelone et Madrid, ainsi que le marché immobilier refroidissent aussi les ardeurs, tandis que la langue reste un frein majeur à l’expatriation. Si certaines entreprises travaillent exclusivement en français ou en anglais, la maîtrise de l’espagnol est indispensable pour évoluer et avoir accès à un plus large éventail de postes. Or, nombreux sont les Français qui n’apprennent pas la langue de Cervantes et préfèrent s’expatrier dans des pays anglophones ou francophones. Au moins pour leur première expatriation, puisque beaucoup sont les nouveaux arrivants en Espagne qui reviennent du Royaume-Uni ou des Etats-Unis.
Le classement des 10 des pays où les Français s’expatrient
D’après les chiffres du registre des Français établis hors de l’Hexagone du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères :
1. La Suisse
2. Les Etats-Unis
3. Le Royaume-Uni
4. La Belgique
5. Le Canada
6. L’Allemagne
7. L’Espagne
8. Israël
9. Le Maroc
10. L’Italie
