Non, le féminisme n’en fait pas trop

feminisme phot Àlex Losada ajuntament

Tous les lundis, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone de Barcelone, experte de son domaine pour une tribune libre. Aujourd’hui, place à Laura Augias, experte en communication et en accompagnement des solopreneurs, des professions libérales et des dirigeants de petites structures à Barcelone. 

Photo d’illustration : l’actrice Mai Bescompte au cours d’un festival féministe à Barcelone – photo Àlex Losada, ajuntament de Barcelona

Commençons par remettre les pendules à l’heure. Le féminisme n’est ni un gros mot, ni une mode passagère. C’est un mouvement visant à instaurer l’égalité des droits économiques, sociaux et politiques entre les hommes et les femmes. En gros, tout le monde devrait être féministe. Rien de révolutionnaire, il s’agit juste de défendre l’égalité. Simple, non ?

Pourquoi faut-il encore et toujours en parler ?

J’entends de plus en plus que les féministes en font trop, comme si elles avaient un quota à ne pas dépasser. « Mais que veulent-elles de plus ? » m’a récemment lancé un ami. Derrière ces remarques anodines se cache une énorme résistance au changement. Il ne s’agit pas de dénoncer, mais d’expliquer pourquoi le mouvement féministe doit encore se faire entendre.

Les arguments sont là et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon une étude de l’INSEE, en France, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes est encore de 14,9% en 2022. Et ne parlons même pas du plafond de verre : seulement 23% des postes de direction sont occupés par des femmes. Ça fait réfléchir, non ?

Et ce n’est pas seulement dans le salariat que les femmes sont désavantagées. Dans l’entrepreneuriat, les défis sont également nombreux. En France, seulement 30% des entrepreneurs sont des femmes. Les obstacles sont multiples : accès limité au financement, réseaux professionnels souvent dominés par les hommes, stéréotypes persistants… La liste est longue. Et je le constate tous les jours dans mes accompagnements : elles osent moins, n’investissent pas ou peu dans leur activité et continuent à s’occuper majoritairement des enfants. Alors oui, on doit encore en parler, et pas qu’un peu !

L’Espagne, modèle à suivre ?

Je suis particulièrement fière de vivre dans un pays qui a fait des progrès impressionnants en matière d’égalité hommes-femmes. En 2020, l’Espagne est devenue le premier pays européen à atteindre la parité hommes-femmes au sein de son gouvernement et a déjà mis en place des politiques avancées pour lutter contre la violence de genre et promouvoir l’égalité salariale.

En 2019, l’Espagne a adopté une loi obligeant les entreprises de plus de 50 employés à élaborer des plans d’égalité. Ces plans doivent inclure des mesures pour réduire les écarts salariaux et améliorer les conditions de travail des femmes. C’est un pas de géant !

Mais ce n’est pas tout. Parlons du congé paternité. En Espagne, il a été étendu à 16 semaines, égal à celui des mères. Cette mesure encourage la répartition équitable des responsabilités parentales et permet aux pères de s’impliquer davantage dans les premiers mois de la vie de leur enfant, tout en réduisant les discriminations à l’embauche.

Le féminisme, toujours pertinent et nécessaire

Alors, non, le féminisme n’en fait pas trop. Il n’en fait même peut-être pas encore assez. Tant que les inégalités persisteront, il faudra continuer à lever la voix, à sensibiliser et à agir. Parce qu’à la fin, l’égalité profite à tout le monde, hommes et femmes. Nous devons tous, à notre échelle, nous interroger sur nos comportements et continuer à avancer, un pas après l’autre, en nous inspirant des exemples positifs. Le féminisme, c’est simplement l’égalité. Ni plus, ni moins.

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