À Barcelone, les télétravailleurs expatriés face à la solitude

Les années 2020 resteront dans l’Histoire comme celles où on a découvert le 100% télétravail. À Barcelone, les expatriés qui travaillent exclusivement depuis chez eux sont de plus en plus nombreux à évoquer un sentiment de solitude. Comment en sortir ? 

Photo de couverture : Unsplash

Parmi tous les mauvais souvenirs que nous aura laissé le Covid se cache un héritage bienvenu : le télétravail. Alors qu’avant la pandémie, les entreprises étaient plutôt frileuses quant à l’idée de permettre à leurs employés de travailler depuis chez eux, la crise sanitaire mondiale aura prouvé qu’un salarié est tout à fait capable de travailler bien – et parfois mieux – depuis la maison.

Quatre ans après, certains postes – sans compter les freelances auto-entrepreneurs – ont été ouverts en 100% télétravail, ce qui présente ses avantages mais aussi ses inconvénients, parmi lesquels le manque de lien social. À Barcelone, le nombre des ces travailleurs à distance est exponentiel. Quand on cumule cette situation à celle de l’expatriation, un sentiment de solitude et de perte de repères peut vite faire son apparition, surtout quand on sait que le lieu de travail est le premier vecteur de sociabilité. Jusqu’à souhaiter le retour des discussions autour de la machine à café ?

Lionel est freelance en marketing stratégie et il travaille de chez lui. Lorsqu’il a débuté son activité il y a un an, l’idée de se rendre dans un espace de coworking lui paraissant saugrenue, car trop similaire à un bureau traditionnel. Lorsqu’il s’est installé à Barcelone il y a huit mois, le Belge tout juste expatrié a vite ressenti un sentiment de solitude exacerbé : « j’ai commencé à aller dans quelques cafés puis dans des coworkings il y a un mois. Je sens que ça va mieux même si je n’ai pas encore vraiment rencontré des gens, je sens qu’il y a un plus du fait de changer d’air, d’endroit, de vision ».

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« Il y a des risques au niveau managerial quand les personnes ne sont pas assez éduquées sur ces sujets »

Avoir la liberté d’être seul ou non est aussi ce qui plait à Charlie, recruteur, qui a tout juste commencé un nouveau travail, 100% à distance : « Ce que j’aime avec le télétravail c’est la flexibilité, le fait de ne pas avoir de pression, de ne pas avoir à voir de gens quand t’as la flemme. Mais c’est bien d’avoir un équilibre aussi, d’aller dans un coworking par exemple ». Le Nantais d’origine est d’ailleurs traumatisé par un premier poste pris aussi complètement à distance, durant lequel le management avait été catastrophique.

Pas préparés à ce nouveau mode de fonctionnement, les cadres n’avaient pas su être à l’écoute, « résultat : tu t’isoles », explique Charlie. « C’est une histoire de maturité, il y a des risques au niveau managerial quand les personnes ne sont pas assez éduquées sur ces sujets », continue-t-il. Le télétravail instauré en urgence lors du Covid s’est effectivement mal passé pour beaucoup de monde et c’est assez normal : face à un tout nouveau mode de fonctionnement, les entreprises n’étaient pas prêtes. Quatre ans plus tard, on peut dire que ces dernières ont eu largement le temps de s’adapter et devraient être à-même de proposer un accompagnement adéquat. C’est le cas de la nouvelle boite de Charlie, qui adapte ses processus d’accueil en proposant aux nouveaux arrivants une semaine de présentiel afin que les employés se rencontrent en vrai.

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Photo : Vicente Zambrano Gonzalez – mairie de Barcelone

Pas besoin d’adaptation pour Sarah. Cette Marseillaise, qui rédige des devis pour une entreprise informatique est installée dans la cité comtale depuis 3 ans et n’en fait pas un mystère : le télétravail, c’est la source de son bonheur. Elle évoque entre autres le gain de temps permis par l’absence de transports, la liberté de s’habiller comme elle veut, la possibilité de voir souvent sa famille et de voyager et, bien sûr, l’opportunité de « faire la fête sans regarder l’heure, car on peut être en gueule de bois chez soi ». Et quand on lui demande si la solitude ne lui pèse pas, la presque trentenaire de répondre : « non, je n’aime pas les gens et je préfère de loin être seule ». Comme ça, c’est clair.

Le témoignage de Sarah apporte une autre lumière sur le phénomène : et si, finalement, ce n’était qu’une affaire de personnalité ? Le tout à distance est presque devenu une mode dans certaines entreprises mais peut-être faut-il, avant de s’y jeter à corps perdu, se demander s’il est adapté pour tous les types de personnes.

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