Jusqu’ici, c’était l’un des seuls responsables politiques d’Europe à la tête d’un gouvernement incorporant la gauche radicale. Le Premier ministre espagnol reçoit un bol d’oxygène avec la victoire du Nouveau Front Populaire en France.
Il n’y aura pas de Nouveau Front Populaire en Espagne, tant la terminologie Frente Popular est associée à la guerre civile qui ravagea le pays à partir de 1936. Il n’empêche que le locataire de la Moncloa a dû sabrer sa bouteille de cava dimanche soir. Le Premier ministre le plus à gauche d’Espagne depuis le retour de la démocratie en 1975 trouve un peu d’air frais avec la surprise venue de France. Son concept, depuis 2018, de gouverner avec l’extrême-gauche, d’abord Podemos, puis Sumar, a semé le doute au sein du Parti socialiste espagnol et a maintenu la Commission européenne en mode surveillance.
Fin stratège, Pedro Sanchez a toujours montré patte blanche à Bruxelles, en présentant des comptes budgétaires nickels et en ne se déplaçant jamais avec ses ministres issus de la mouvance néo-communiste. Aujourd’hui, face à l’aile sociale-démocrate du Parti socialiste, Sanchez se dit qu’il est du bon côté du manche et de l’histoire.
Deux anciens Premiers ministres socialistes sont encore en activité dans les médias : le centriste Felipe Gonzalez qui a conduit le pays de 1982 à 1996 et le plus à gauche José Luis Zaparero de 2004 à 2011. C’est le second, fidèle soutien de Sanchez face au scepticisme de Gonzalez, qui sort renforcé de la séquence politique française.
En Catalogne, on regarde aussi du côté de la France
Le socialiste catalan, Salvador Illa, ancien ministre de la Santé de Pedro Sanchez est toujours dans l’attente de s’asseoir dans le siège de la Présidence de la Catalogne. Après sa victoire en mai dernier, il n’a toujours pas reçu le feu vert des Républicains indépendantistes de Catalogne (ERC) pour former une coalition parlementaire réunissant le nombre de députés nécessaires à l’investiture.
Saluant, sur X, la victoire française du Front Populaire français, Salvador Illa espère que l’ambiance de coalition des gauches dépasse la frontière pyrénéenne et l’envoie enfin au Palau de la Generalitat.
Le plan de l’extrême-droite en Europe est fragilisé…
A la tête de la présidence tournante de l’Europe, le Premier ministre hongrois Viktor Orbána a annoncé dimanche matin la création d’un nouveau groupe au Parlement Européen réunissant le Rassemblement National français et la droite nationaliste espagnole Vox. Le but de la manœuvre était double : surfer sur la dynamique française le jour de la potentielle victoire du RN, qui n’a pas eu lieu, et isoler la droitière Giorgia Meloni en Italie, pas assez pro-Poutine au goût des autres forces de sa famille politique. Les Italiens de Meloni siégeront à part à Bruxelles, tandis que le groupe d’Orban sera présidé par Jordan Bardella.
…et provoque un mouvement de tension en Espagne
L’extrême-droite, alliée de la droite traditionnelle dans les principales régions espagnoles, est sous tension. Après les tractations françaises entre le centre et l’extrême-gauche pour dessiner le fameux Front Républicain, Vox craint que cette ambiance incite la droite à se rapprocher des socialistes pour se débarrasser du partenariat avec la frange radicale de la politique espagnole. Il vaut mieux prévenir que guérir : le parti nationaliste menaçait ce lundi la droite de retirer son soutien là où la gouvernance est commune, si des migrants continuent à être autorisés par les présidents de régions de droite à s’installer dans les territoires.