Les élections françaises sont de toutes les conversations, même dans les plus hautes sphères barcelonaises. Hier, le prestigieux Cercle d’Economia a accueilli un événement traitant l’actualité de la situation politique en France. Récit.
Photo: Rafael Jorba et Cécile Thibaud durant la conférence / Cercle d’Economia
8h30 du matin, la salle du Cercle d’Economia est prête à accueillir Cécile Thibaud, correspondante des Echos en Espagne, et Rafael Jorba, secrétaire du Comité Éditorial d’El Periódico et ancien correspondant à Paris. Dans cette salle chic, à côté du Passeig de Gràcia, les assistants échangent paisiblement avant le début de la conférence. Au programme : la crise politique française et les faits qui ont mené à cette situation, les résultats et les conséquences du 2e tour sont dans tous les esprits.
Lors de ce colloque entre cadres supérieurs et en présence du consul de France Olivier Ramadour, Rafael Jorba évoque l’inexpérience politique d’Emmanuel Macron comme un problème. « C’est un président qui est arrivé au pouvoir de par la crise du parti socialiste, et les scandales d’emplois fictifs du candidat de la droite, François Fillon », et « lorsqu’il est arrivé à l’Elysée, c’était son premier poste en tant qu’élu, il lui manquait de l’expérience politique et cela s’est vu dans sa gestion des crises ».
En parlant de l’impossibilité de faire des coalitions en France de par le système électoral, Jorba compare Emmanuel Macron à Pedro Sanchez. « Si Sanchez avait eu le résultat de Macron il y a quelques années… Macron était à 39 sièges de la majorité absolue, […] et il l’a très mal géré, avec ces résultats, Pedro Sanchez aurait fait des merveilles » dit le journaliste catalan sur un ton ironique qui fait rire la salle. « Il n’y a ni tradition ni culture de coalitions en Franc e», assure-t-il. La journaliste française Cécile Thibaud, elle, détaille les relations étroites entre Mélenchon et le parti politique espagnol Podemos, lequel a eu accès au gouvernement grâce à une coalition avec les socialistes.
9h30. C’est le temps des questions du public, et le ton est nettement moins neutre. Un homme, la cinquantaine aux allures d’avocat d’affaires, interroge les intervenants : « Quelle alternative avait Macron suite aux résultats des européennes ? ». Avant d’ajouter, sur un ton plus virulent : « Que pouvait-il faire d’autre, continuer comme si de rien n’était ? Était-ce celle-là l’autre alternative ? ». Pendant trois minutes, il défendra le président français, saluant une réforme des retraites « très très légère et courageuse », affirmant « qu’en France au moins Macron a pris le taureau par les cornes et a fait une toute petite réforme, qui n’était pas grand-chose ».
Mais il n’y a pas que des fans du président français dans la salle. « Que devrait-il passer pour qu’Emmanuel Macron démissionne ? », ose un assistant d’une quarantaine d’années. « Est-ce que la politique de ligne rouge avec l’extrême droite est une bonne idée ? », interroge un autre, plus âgé, qui se demande aussi si Macron ne devrait pas « laisser gouverner le RN pour qu’ils s’écrasent et mettre en évidence leur incohérence ».
10h. C’est la fin du rendez-vous matinal. Tout le monde se lève pour aller débuter sa journée de travail. Certains s’attardent pour prolonger les débats et prendre le petit-déjeuner, d’autres filent au bureau. Tous, sans doute, seront particulièrement attentifs aux résultats dimanche soir.