La French Tech est l’un des fleurons de la France. Un label officiel pour favoriser un écosystème de startups dans des villes où ce secteur est très présent. A Barcelone, la potentielle arrivée au pouvoir du Rassemblent National ou de La France Insoumise suscite un certain scepticisme dans cet univers digital.
Mardi 25 juin, midi. Le vote électronique, reservé aux Français de l’étranger, pour les élections législatives, s’ouvre dans une certaine confusion. Victime de son succès, la plateforme, mise en place par le ministère des Affaires étrangères, a flanché quelques heures. Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’indignation de la France Insoumise sur les réseaux sociaux. Dans un message publié sur X (anciennement Twitter) avec grandiloquence, le candidat LFI en Espagne, Maxime Da Silva, interpelle Emmanuel Macron pour demander au président de la République d’agir immédiatement pour garantir le droit de vote et faire cesser cette honte. Finalement, l’opération est un succès avec plus de 400.000 votants, un record.
Au milieu, des gémissements de Cassandre de l’extrême gauche, se sont glissés sur X des tweets critiquant la French Tech. « Une démonstration de l’absolue méconnaissance des Français de l’étranger, et de ce pilier de la communauté », tacle Stéphane Vojetta, le député sortant, proche du camp présidentiel. « Il n’y aura plus de subventions pour la French Tech si LFI accède au pouvoir », affirme Stéphane Vojetta, « car c’est le symbole d’une certaine France qu’ils détestent, celle de l’entrepreneuriat, de la prise de risque et la réussite ».
Président revendiqué 2.0, Emmanuel Macron possède la culture et l’esprit startupper. L’alternance incarnée par LFI ou le RN pourrait-elle provoquer un changement d’atmosphère ? Guillaume Rostand, président de la French Tech Barcelone, en est persuadé. « Les orientations annoncées de LFI semblent plus mortifères pour le secteur de la technologie, comme d’ailleurs elles le sont au sens large pour tous les sujets liés à l’économie », s’inquiète le quadragénaire. Qui n’est pas plus confiant envers le RN : « un mélange paradoxal de dirigisme et d’ordolibéralisme plutôt vague ».
« L’avenir de la French Tech passera par l’implication des entreprises dans la transition écologique »
Poser à Maxime Da Silva la question de l’avenir de la French Tech sous un gouvernement LFI est déjà une « tentative de diabolisation » de son parti, s’étrangle l’Insoumis.“Rien dans le programme ne prévoit d’affaiblir les entreprises ni d’alourdir la fiscalité des PME”, se défend-il. « L’avenir de la French Tech dans les cinq ans à venir passera par l’implication des entreprises dans la transition écologique » s’il y a un Premier ministre du Nouveau Front Populaire, glisse Da Silva. La French Tech devra aussi donner la priorité aux PME et tourner le dos aux grandes entreprises. “Le Macronisme et l’extrême droite portent un programme depuis des décennies à la botte de la finance ”, s’agace le représentant de Jean-Luc Mélenchon qui propose des crédits à taux zéro pour les PME, si son camp accède au pouvoir.
De l’autre côté de l’échiquier politique, Johana Maurel, candidate RN en Espagne indique vouloir « prendre un rendez-vous avec le président de la French Tech Barcelone pour lui faire part de sa fierté concernant le travail entrepris et pour mettre en œuvre les moyens d’épauler le réseau ». Si Jordan Bardela s’installe à Matignon, « les portes des ministères du Rassemblement National seront ouvertes pour soutenir la French Tech et aider les entreprises qui font rayonner la France à l’international », promet Maurel.
Si Barcelone a la cote chez les startuppers, c’est aussi pour son emplacement stratégique en Europe. Un positionnement renforcé depuis la sortie de la concurrente londonienne aspirée par le Brexit. « Un gouvernement LFI ou RN sera(it), quoi qu’il arrive, bloqué dans beaucoup de ses intentions par les institutions de contrôle nationales et supranationales. » conclut Guillaume Rostand.