Pourquoi les futurs kinés français choisissent Barcelone

À Barcelone, la communauté française est sur-représentée dans les écoles de kiné. Entre facilité de l’entrée dans le cursus et qualité de vie, ceux qui ont fait le choix de l’expatriation racontent.

Photo : Vicente Zambrano Gonzalez – mairie de Barcelone

Chaque année, des centaines de futurs kinés – 40% sur l’année 2020-2021 – disent adieu au système français pour tenter leur chance à l’étranger. Parmi les destinations envisagées, l’Espagne est parmi les plus prisées, en raison du climat idéal, de sa proximité avec la France et de la facilité de l’accès aux études.

La difficulté de commencer un cursus en kinésithérapie est ce qui fait fuir les étudiants français. Jusqu’en 2020, ils quittaient le pays pour éviter la première année de médecine, hyper sélective et décourageante. Depuis 4 ans, si cette année terrifiante n’est plus obligatoire, les trois voies proposées en remplacement restent bancales. LAS (licence option santé),  PASS (parcours d’accès spécifique santé) et licence de STAPS ou de biologie ne permettent pas toutes d’accéder ensuite aux études désirées.

La voie royale, c’est la LAS. La très grande majorité des étudiants acceptée en parcours kiné est issue d’une de ces licences option santé. « À l’université de Poitiers, sur 60 places dans le cursus kiné, 54 étaient réservés aux LAS et seulement 6 à ceux qui sortaient de licence STAPS ou biologie », raconte Baptiste, ex-étudiant en STAPS. Originaire de Saintes, c’est à l’issue de cet échec que le presque vingtenaire s’est décidé à regarder de l’autre côté des Pyrénées, jusqu’à intégrer le campus Barcelonais de l’EUSES (École universitaire de santé et de sport) en septembre 2023.

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Photo : EUSES

Les mêmes difficultés françaises ont convaincu d’autres étudiants, comme Loïcia. « Entre payer son école et pouvoir faire le métier de ses rêves et galérer indéfiniment, le choix est vite fait », explique la jeune femme, 23 ans, Toulousaine arrivée à Barcelone il y a 3 ans pour étudier la kinésithérapie à l’Université Internationale de Catalogne (UIC).

Prix de l’année ? Environ 7 000 euros. Deux fois moins qu’à Madrid, qui se permet des coûts exorbitants car elle est la seule ville à proposer des cours en français, mais beaucoup plus que dans l’Hexagone. Un effort qu’il faut pouvoir se permettre, mais qui vaut le coup, selon elle. Elle précise d’ailleurs qu’en Espagne on ne paye pas son diplôme, car les études sont aussi difficiles qu’en France, mais qu’on paye la possibilité de pouvoir les entreprendre. Avoir la chance d’apprendre le métier de ses rêves mais aussi découvrir l’espagnol et sa culture, voilà les critères qui ont séduit la jeune femme.

Apprendre une nouvelle langue, le vrai plus de Barcelone

L’ouverture au monde et à d’autre langues est aussi ce qui a convaincu Andrea, jeune Stéphanois de 20 ans. Étudiant à l’EUSES en première année (dans la même promotion que Baptiste), où tous les cours sont dispensés en anglais, celui qui parle déjà italien compte bien repartir de Catalogne en maitrisant la langue de Cervantes et celle de Shakespeare, « un vrai plus sur le marché du travail », assure ce jeune homme sérieux. Dans la cité comtale, l’intégration s’est faite rapidement pour lui, même s’il n’y avait jamais mis les pieds avant de venir y travailler : « je n’ai eu aucun problème d’intégration et je conseille à tout le monde de faire ce que j’ai fait. Partir seul permet de grandir et de se découvrir soi-même, c’est vraiment enrichissant ! »

Cette envie de se mélanger à la culture Espagnole et de maîtriser la langue est partagée par tous, mais dans les faits, elle se manifeste avec difficulté. Les classes composées en grande partie d’étudiants Français – 50% dans la promotion de Loïcia, 65% dans celle des garçons – sont plutôt divisées. « Les catalans restent entre eux, et nous entre nous, c’est dommage », déplore la jeune femme. La communauté Française, composée de plus de 10 000 étudiants, est de loin la plus représentée dans les filières de kiné et de dentaire en Espagne : facile, alors, de rester entre soi.

Un esprit communautaire qui n’aura pas vraiment d’impact dans le futur : après leurs études, presque tous les étudiants Français reviendront dans l’Hexagone pour exercer. Et même si la perspective de rentrer près de ses proches et de gagner un meilleur salaire que dans la péninsule ibérique enchante Loïcia, celle qui est tombée amoureuse de la vie Barcelonaise ne peut s’empêcher de se lamenter : « rentrer, ça va être la pire période de ma vie ».

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