On les estime à 100,000 mais ils sont sans doute bien davantage. Les expatriés, comme on appelle les immigrés occidentaux, ont jeté leur dévolu sur Barcelone, et ça ne plaît pas à tout le monde.
Migrant temporaire et assez jeune, issu d’un pays riche, le plus souvent d’Europe ou des Etats-Unis, et doté de plus hauts revenus que les locaux. C’est ainsi que les Barcelonais décrivent les fameux « expats », terme désormais popularisé dans la cité catalane. La ville a en effet assisté à un véritable afflux d’étrangers en quête d’une meilleure qualité de vie après une période pandémique où chacun a revu ses priorités. Le télétravail et l’installation de nombreuses entreprises internationales ont facilité ses migrations, offrant des salaires équivalents aux pays d’origine mais avec un coût de la vie inférieur.
Et c’est là que ça coince. Avec des revenus supérieurs, les nombreux expats font mécaniquement monter les prix des loyers, qui deviennent inaccessibles pour les locaux. Selon Juan Antonio Módenes, expert en mouvements de population à l’Université Autonome de Barcelone (UAB), les prix des loyers ressemblent maintenant à ceux des autres capitales européennes, mais les salaires des Barcelonais d’origine ne suivent pas. « Nous avons des revenus inférieurs à la moyenne, et le prix du parc résidentiel est le même que dans les villes où les revenus sont beaucoup plus élevés », a-t-il expliqué à nos confrères du journal local Metropoli, dans un article intitulé Les expats s’emparent de Barcelone. Pour l’expert, si les salaires locaux augmentaient pour s’aligner, comme le prix des loyers, sur les autres grandes villes européennes, un tel décalage n’aurait plus lieu d’être et les Barcelonais de longue date n’auraient plus la sensation d’être « remplacés » par des expatriés.
1 Barcelonais sur 10 est expatrié
Car selon l’agence immobilière Amat Immobiliaris, qui gère 2500 appartements dans des zones pour classe moyenne et haute, 40% des nouveaux contrats de locations ont été signés par des étrangers en 2023, par rapport à 15% en 2019, juste avant la pandémie. Une vague qui pèse forcément sur l’augmentation des loyers. Mais c’est aussi la physiononmie de Barcelone qui tend à changer, avec des cafés aux airs new-yorkais où l’on n’entend plus parler espagnol, encore moins catalan.
« Je ne serais pas étonné que cela devienne un thème de campagne lors des prochaines élections municipales en 2027 », indique le sociologue Martin Szulman. Avec toujours la même dualité que pour le tourisme : c’est bon pour le commerce, c’est inquiétant pour le vivre-ensemble. Selon les dernières statistiques municipales, les expats représentent maintenant 10% de la population barcelonaise, et près de 25% dans le quartier typique du Gôtic.
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