Depuis plusieurs mois, le luxe a la cote auprès des touristes de Barcelone et profite aux enseignes du passeig de Gracia. A contrario, à Paris, l’avenue Champs-Elysées perd de sa superbe et les Français parlent d’une « lente agonie » de la plus belle avenue du monde.
Depuis deux ans, Barcelone revêt des airs de Paris aux yeux de certains touristes. Le Passeig de Gràcia en est le parfait exemple. Cette artère catalane est souvent perçue comme la « cousine » des Champs Elysées. Elle y concentre effectivement plusieurs magasins de luxe, de beaux hôtels et de bonnes adresses gourmandes, pour le plus grand plaisir des voyageurs présentant un haut capital économique.
Par ailleurs, 2023 a été l’année de tous les records dans la cité comtale pour les commerces haut de gamme. Et pour cause, le magazine TimeOut démontre que Barcelone aurait été l’une des villes les plus prisées au monde pour s’acheter des bijoux, vêtements et accessoires de luxe avec une hausse des ventes de 10 % par rapport à 2022.
Des touristes prêts à dépenser à Barcelone
Le pouvoir d’achat d’un nouveau type de voyageurs donne des ailes à Barcelone. Un phénomène qui s’explique par deux facteurs. D’une part, la destination catalane est entrée dans le top 3 de cette nouvelle clientèle aisée, après Londres et Paris. D’autre part, à Barcelone, les touristes venus des États-Unis s’ajoutent désormais aux voyageurs asiatiques, déjà bien réputés pour dépenser leur argent dans des marques de luxe telles que Louis Vuitton et Chanel.
Un attrait alimenté par une stratégie marketing bien pensée. Les boutiques implantées à Barcelone mettent en vente des produits aux éditions limitées, de quoi drainer une grande clientèle. Ainsi, les magasins de luxe du Passeig de Gràcia voient se former de longues files d’attente devant leurs entrées, jusqu’alors plutôt discrètes, contrairement à Paris. Effectivement, du côté de la capitale française, les boutiques haut de gamme ne se sont jamais aussi bien portées.
Entre culture et luxe
Il y a foule devant les boutiques luxueuses parisiennes. Une manière d’honorer la ville qui a vu naître la haute couture à travers ses célèbres marques comme Longchamp, Yves Saint-Laurent, Louis Vuitton, Hermès, etc. Cependant, la plus belle avenue du monde est en perte de vitesse. Elle, qui pendant, des décennies, était un mélange de shopping, certes, mais surtout de culture et de fête, a vu ses dernières enseignes culturelles tirer le rideau.
C’est le cas de l’un de ses derniers cinémas, l’UGC Normandie. Ouvert en 1937, le lieu culturel ferme ses portes ce 13 juin… dans la quasi-indifférence des passants. Pourtant, l’établissement de projection de longs-métrages a marqué 87 ans de l’histoire de l’avenue et avait attiré plus de deux milles curieux lors de son inauguration. Une fermeture qui souligne un peu plus la métamorphose des Champs-Elysées en un « centre commercial à ciel ouvert », comme le soulignent nos confrères de Marianne.
Longue attente pour visiter la Casa Batllo. Photo : Camélia Balistrou/Equinox
A contrario, le Passeig de Gracia jongle entre sa réputation de rue de luxe et celle de haut-lieu culturel comme en témoigne le succès de la Casa Batllo de Gaudi. Quelque soit la période de l’année, une file interminable de visiteurs s’amasse aux abords de ce bijou moderniste. Par ailleurs, d’autres établissements culturels animent l’avenue la plus chère de Barcelone : la Pedrera, le musée du parfum, le récent musée White Rabbit ou encore la Casa Amatller. Un bouillon de culture qui rend d’autant plus appétissante la balade de l’avenue barcelonaise.
La fast-fashion trouve sa place
Au-delà de la culture et du luxe, un autre secteur fait son trou dans ces avenues : la fast fashion. Souvent perçue comme bas de gamme, la mode éphémère n’est plus honteuse. Elle se libère et s’affiche aux côtés de grandes marques. À Barcelone, seulement deux blocs de bâtiments séparent Chanel de Mango. Une présence qui attire ainsi des acheteurs plus modestes sur cette axe touristique.
De l’autre côté des Pyrénées, à Paris, le haut de gamme et la fast fashion se côtoient également. Par exemple, Citadium fait face à Zara, mais pour combien de temps ? Sur les Champs Élysées, les changements d’enseigne semblent s’accélérer. Effectivement, les marques de la mode éphémère tentent de s’imposer, mais font face à un obstacle de taille : des loyers hors de prix dictés entre autres par les puissantes familles qataris propriétaires des locaux. Une conjoncture qui alimente la désertion progressive des marques de vêtements à bas prix sur les Champs et par la même occasion des classes moyennes.
Touristes, luxe et… insécurité
Les magasins de luxe et le flux continue de touristes attirent les voleurs. À Paris, l’insécurité se fait de plus en plus ressentir. Un phénomène bien pris en compte par la mairie de la capitale française qui, avant l’accueil des Jeux olympiques, tente le tout pour le tout pour pérenniser l’avenue. Par exemple, le comité des Champs-Élysées a présenté le 27 mai dernier, 150 propositions issues d’une étude dont le but est de « réenchanter » la célèbre artère parisienne.
Parmi les idées soumises et relayées par le quotidien le Parisien, une piétonnisation de l’axe de près de 2 km est à l’ordre du jour. Pour assurer « la sérénité de la promenade » le long des vitrines et jardins, une augmentation des patrouilles pédestres et équestres a été proposée ains que la mise en place de « points mobiles de recueil de plaintes ou de main courantes gérés par des fonctionnaires parlant plusieurs langues ».
Au passeig de Gracia, les boutiques haut de gamme attisent également les convoitises. L’été dernier, les devantures des magasins Louis Vuitton et Chanel ont été prises pour cible à quelques semaines d’intervalle. Résultats : des vitrines éventrées et des articles de luxe dérobés. Si les magasins de l’avenue catalane font l’objet de délits… Le passeig de Gracia reste plutôt familial et les passants peuvent globalement encore se permettre de flâner sans s’accrocher à leur portefeuille !
Les macrofestivals de Barcelone à la rescousse de la scène locale