Lorsqu’on s’expatrie, trouver un emploi est la préoccupation principale. Oubliant leurs rêves de carrière, beaucoup se ruent sur le premier travail venu, préférant le confort à la passion.
Photo de couverture : Equinox
Quand on s’installe dans un nouveau pays, la première case à cocher est celle de l’emploi. De manière générale, les expatriés qui débarquent à Barcelone sans travail font, sur place, le choix de la facilité. Ils prennent un emploi accessible rapidement, qui ne nécessite pas de parler un espagnol parfait et qui paie assez pour couvrir leurs frais. Pour ne pas rejoindre les presque 10% de chômeurs catalans, les voilà alors serveur, agent en call center ou promoteur de soirées, des jobs qui ne nécessitent pas beaucoup de qualifications mais qui permettent, en arrivant, de s’acclimater à la ville.
Et si certains bifurquent après quelques temps à la recherche d’un emploi qui leur correspond davantage, d’autres expatriés, par défaut ou par choix, y trouvent un certain équilibre.
Pas de passion mais du temps libre
Ce choix de l’emploi confort est celui de Marie, 29 ans et originaire du sud de la France. Après avoir vécu à Londres et en Grèce, elle et son compagnon déménagent à Barcelone il y a trois ans pour se rapprocher de la mère de ce dernier. Alors employée dans une société de devis, sans passion, celle qui ne parle pas espagnol choisit de continuer dans cette voie et décroche rapidement un poste similaire. À la clé de ce travail plutôt ennuyant, du 100% télétravail, des horaires flexibles et une paie suffisante qui lui permettent de voyager : « Ce n’est pas le boulot qui m’épanouit mais c’est un choix de vie. Je préfère mille fois avoir ma qualité de vie, prendre du temps pour moi et avoir des trucs à côté ».
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Bruno, lui, est arrivé à Barcelone il y a 17 ans pour y rejoindre sa femme, mais sans promesse d’emploi. Camerounais d’origine, le désormais cinquantenaire exerce d’abord un emploi dans le transport avant de bifurquer dans un call center, rejoignant alors les 26% de contrats de travail catalans délivrés à des étrangers. Un emploi qu’il choisit par facilité – nul besoin pour l’exercer d’opérer la difficile transcription de ses diplômes camerounais en espagnol – par un certain goût du contact client et par les avantages sociaux non-négligeables proposés (congés payés, 13e mois et primes).
Près de 20 ans plus tard, il n’estime pas s’être fait emprisonner par le confort et ne regrette pas ce choix qui, s’il n’est pas celui du coeur, lui permet d’avoir un niveau de vie stable. À 1600 euros nets par mois – avec une variation en primes très importante – cet employé d’une société de location automobile gagne bien plus que le SMIC espagnol, qui stagne à un peu plus de 1000 euros nets par mois.
Un travail pas forcément viable à long terme
Ces situations confortables, « planques » ou « prisons dorées », ne sont à priori pas viables à long terme : ni Marie ni Bruno ne prévoient de les exercer toute leur vie. Dans l’idéal, la jolie brune aimerait s’épanouir dans son travail, mais ne veut pas créer d’attaches dans une ville qu’elle va quitter : « j’aimerais avoir un boulot qui me passionne, c’est simplement que je ne compte pas rester ici donc je ne veux pas m’attacher à un boulot ».
De son côté, après 15 dans la même entreprise, Bruno est prêt à se reconvertir. Ou plutôt à retrouver son ancien travail. Lui qui s’épanouissait au Cameroun en conseillant des personnes en difficulté veut désormais tenter l’aventure du coaching de vie à Barcelone, et espère enfin conjuguer confort et passion.