Ce dimanche soir, on connaîtra la nouvelle composition du Parlement européen. La poussée des droites et des nationalistes aura des conséquences sur les politiques menées par la Commission européenne qui naîtra de la nouvelle couleur du parlement. Focus sur la France et l’Espagne : deux visions de l’Union européenne.
La France fait partie des Pères qui fondèrent l’Europe en 1957. L’Espagne ne rejoindra l’alliance politique que 29 ans plus tard, lors de l’élargissement de 1986. Pourtant aujourd’hui, 42% des Espagnols font confiance à l’Union européenne contre 35% des Français. Par ailleurs, 29% des habitants de la France souhaitent que leur pays quitte purement et simplement l’UE, contre seulement 18% des Espagnols.
Fort logiquement, si l’on prend les statistiques des 10 dernières élections européennes , les Français votent moins. L’Hexagone ne dépasse pas, en moyenne, les 50% de participation (49,1%) quand l’Espagne caracole à 55%. Selon les données du Parlement européen (Eurobaromètre), les grands clivages nationaux influencent la vision de l’Europe, en France et en Espagne.
Immigration
L’immigration, qui se traduit par une poussée des droites nationalistes en France, représente une inquiétude pour 29% des Français. En Espagne cette thématique n’angoisse que 23% des citoyens. Logiquement, les Français sont plus nombreux que les Espagnols à vouloir un renforcement des frontières européennes, respectivement 71 et 66%.
La droite nationale de Vox en Espagne n’obtient que 10% selon les sondages tandis que le Rassemblement National et Reconquête explosent les 40%. Traditionnellement, c’est un duel droite-gauche, avec une avance pour les conservateurs, qui rythmera la soirée électorale espagnole.
Economie
Au niveau de l’économie, Bruxelles s’est beaucoup impliqué lors de la dernière législature notamment avec Next Generation, ces fonds européens pour relancer l’économie après la crise du Covid. La France a reçu une enveloppe totale de 1,2 milliard d’euros, loin derrière l’Espagne et ses 13 milliards. De fait, les Espagnols perçoivent plus que les Français la mise en place de cette opération avec un écrasant 49% contre 36%. Ce programme a été une véritable opportunité pour le pays. Par exemple, en Catalogne, les appels d’offres lancés par la Generalitat et les mairies ont permis à 74 000 projets de bénéficier des fonds européens, dont 41 % de PME et 15 % de grandes entreprises.
Le secteur des semi-conducteurs, ces matériaux qui entrent dans la composition de nombreux produits technologiques et numériques, dont la Catalogne devient une spécialiste, reçoit 111 millions d’euros. Les plans de sauvetages de l’automobile Seat et l’usine Nissan perçoivent respectivement 90 et 65 millions. Enfin, l’Europe a installé depuis 2023 à Barcelone un supercalculateur, chargé de la surveillance du changement climatique, de la découverte de médicaments et de matériaux. Cet ambitieux projet est doté d’une enveloppe de 50 millions d’euros.
D’ailleurs, les Espagnols ont une meilleure sensation de la santé économique de l’Union Européenne. 41% pensent que la situation est bonne contre 31% des Français. En sus, 22% des habitants d’Espagne croient que les 12 prochains mois apporteront une embellie économique contre 15% des Hexagonaux.
Une Espagne, qui par ailleurs, vit un doux moment économique avec le chômage au plus bas depuis la crise de 2008 et la plus forte croissance de la zone Europe, pendant que la France a vu baisser sa note par l’agence de notation Standard and Poor’s.
Guerre et climat
Sur le front russe, l’invasion de l’Ukraine est une menace pour l’UE selon 85% des Espagnols et 70% des Français. 84% des premiers et 79% des seconds sont favorables à réduire la dépendance énergétique du pays de Poutine. Les deux (64%) pensent que l’UE doit renforcer sa production en armement.
Enfin, la myopie écologique est partagée par les deux nations : un petit 20% de Français sont préoccupés par le réchauffement climatique face à un ridicule 11% d’Espagnols.