Les grandes vacances approchent et pour les expatriés, elles riment souvent avec une série de retrouvailles bien rythmées. Témoignages.
Photos : Clémentine Laurent
Ce seront ses premières vacances d’été depuis son arrivée à Barcelone et Pierre-Howard, 24 ans, est bien organisé. Il a coordonné ses vacances avec sa soeur, expatriée à Chypre, et tous deux se partageront entre Nantes et Tours, où vit leur famille. Deux semaines pour voir leurs proches et un agenda devenu un véritable « casse-tête » pour le jeune commercial, qui veut toutefois laisser un peu de place à l’improvisation. Ce sera « la famille en journée, les amis en soirée ». Mais Pierre-Howard le sait, les vacances ne seront pas de tout repos, et il a prévu quatre jours de « sas de décompression » entre son retour à Barcelone et la reprise du travail.
Pour Thomas, 29 ans, « ça fait partie du jeu quand on s’expatrie ». Installé à Barcelone depuis trois ans, ce professeur du Lycée français reconnaît consacrer la majeure partie de son budget voyages à ses retours en France. « Je ne compte pas ». Pour lui aussi, les vacances ressemblent le plus souvent à des marathons. Toulouse où vit sa mère, puis Saumur où se trouvent sa soeur et son neveu d’un an et demi pour lequel il ne se sent pas « assez présent », et enfin Nantes pour voir « tous les amis de ma vie d’avant ». Trois semaines pour vivre à 100% avec ses proches, qui ont pris leurs congés en même temps que lui afin d’en profiter au maximum.
Le ras-le-bol des expats de longue date
L’enseignant reconnaît toutefois qu’au fil des années, les retours se sont faits bien moins fréquents. Question de budget, envies de voyager ailleurs, et parce que sa « vie est maintenant à Barcelone ». Il invite davantage ses proches à lui rendre visite : « c’est aussi à eux de venir s’ils veulent me voir ».
Elise, 43 ans dont 16 à Barcelone, reçoit aussi ses proches à la maison. Et a complètement renoncé aux vacances françaises obligatoires. « Je me sens beaucoup moins stressée ! ». Cette maman de deux adolescentes a eu le déclic à la fin de l’été 2022, revenue épuisée d’un mois de visites à travers l’Hexagone. « Nous passions quelques jours chez les uns puis chez les autres, à faire constamment des repas ou des activités, à essayer de faire plaisir à tout le monde et ne dire non à personne ». Elle se rend maintenant en France selon ses envies ou pour les grands événements. Ce qui n’empêche pas son mari d’y aller seul ou même ses filles d’y passer des vacances. « Lui peut télétravailler, il a donc la possibilité de passer plus de temps sur place avec sa famille et ses amis, sans complètement sacrifier ses congés ». Et malgré quelques déceptions, l’entourage d’Elise a plutôt bien compris sa décision. « C’est moi qui me mettais beaucoup la pression toute seule ».
Alors que l’année scolaire s’achève, nombreux sont enfin ceux qui vont quitter la capitale catalane pour deux mois en France. Un peu de télétravail, un peu de congés et pour les enfants, une longue parenthèse qui les rattache à leur culture d’origine. « Je pense que c’est important quand ils sont petits de les connecter à leur famille, leur pays et leur langue, reconnaît Elise, mais il ne faut pas y perdre toute son énergie et son plaisir ». Profiter de ses proches mais aussi de ses vacances, c’est tout le défi chaque été des expats du monde entier.