Il est devenu difficile, parfois impossible, de trouver un taxi disponible un samedi soir à la Barceloneta ou un lundi matin à la gare de Sants. Les chauffeurs sont-ils moins nombreux qu’avant ou la demande a-t-elle grimpé ? Eléments de réponse.
Photo : Cyane Morel
Un samedi soir de la fin du mois de mai, au pied de l’hôtel W. Une petite quinzaine de Barcelonais, sortis des restaurants alentours, patientent à une station de taxis. 10, 15, 20 minutes… un taxi apparaît au bout de la rue, une femme court en sa direction et ouvre la porte. Une autre arrive en courant pour lui dire qu’elle était arrivée avant, et que le taxi sera pour elle. Après quelques cris et bousculades, elle aura gain de cause.
La scène est devenue presque banale. Chanceux est celui qui parvient à rentrer rapidement chez lui en taxi un soir de week-end. Si en plus, c’est jour de pluie, la mission devient presque impossible. Un phénomène relativement nouveau, qui a tendance à exaspérer les Barcelonais. Les taxis ont toujours été à la fois nombreux et peu chers dans la cité catalane, constituant un moyen de transport comme un autre, privilégié même aux heures avancées de la nuit lorsque les métros se font plus rares.
Mais alors que la demande touristique augmente à un rythme exponentiel, le nombre de taxis stagne à 10.5000 véhicules. Et ils ne sont pas vraiment aidés par les VTC, dont la présence est anecdotique après la guerre que leur ont livrée les chauffeurs de taxis. On ne compte pas plus de 1500 véhicules Cabify, Bolt ou Uber à Barcelone. « Les temps d’attente pour accéder à un taxi ou à un VTC sont parfois 20% plus longs que dans d’autres villes espagnoles, indique un porte-parole de Cabify, et nous estimons que la demande va augmenter de 15 à 20% au cours des prochains mois, ce sera un été de longues files d’attentes ».
Problèmes de mobilité et d’outils numériques
Pour les chauffeurs de taxi, le problème ne vient pas de leur nombre, mais des difficultés de mobilité. « Il y a beaucoup de travaux et de nombreuses voies ont été réduites pour les voitures au profit des vélos ou des piétons, ce qui provoque des bouchons, allonge les temps de trajets et donc nous mettons plus de temps à être à nouveau disponibles », estime José Luis, chauffeur depuis une quinzaine d’années.
Le quinquagénaire évoque aussi la multiplication des manifestations à travers la ville. « Si à la mi-journée, des manifestants bloquent une artère principale de la ville, je laisse tomber et je rentre chez moi car tu ne peux pas avancer, les clients s’énervent, ce ne sont pas des conditions ». Mais lui et la plupart de ses collègues sont clairs : il y a suffisamment de taxis à Barcelone. Si la ville accordait davantage de licences, il n’y aurait plus assez de travail pour tous en hiver.
« Barcelone ne manque pas de taxis, surenchérit Alberto Alvarez, président du syndicat Elite, le problème est que la flotte est mal gérée ». Selon lui, Barcelone devrait disposer d’outils numériques permettant de savoir où se trouvent les taxis en temps réel et ainsi leur permettre de se répartir géographiquement et de mieux gérer leurs horaires selon les besoins. La mairie a bien mis en place une application, mais sans outil de contrôle ni de géolocalisation. Un comble pour la ville des startups et du Mobile World Congress, qui n’arrive pas pour sa propre mobilité à se mettre à la page des nouveaux usages numériques.