4 questions pour comprendre la situation politique en Catalogne

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Les Catalans ont voté dimanche, plaçant le socialiste Salvador Illa en tête des suffrages. Mais la route est encore longue pour qu’il soit investi président de la région. Explications. 

Photo de couverture : AC/Equinox

Salvador Illa va-t-il devenir président de la Catalogne ?

Grand vainqueur des élections, le parti socialiste catalan a battu son propre record de voix (près de 900.000, soit 28% des suffrages). En Catalogne, les électeurs votent pour des députés qui vont ensuite investir le président du gouvernement régional. Or, s’il a fait un bon score, le parti socialiste n’a que 42 députés, alors que la majorité est fixée à 68. Pour être investi, il devra donc nouer des alliances.

Les accords les plus naturels seraient avec la gauche radicale des Comuns et la gauche indépendantiste d’ERC, pour ainsi former un exécutif progressif. Ils cumulent à eux trois les 68 sièges requis. Mais ERC a indiqué dimanche qu’il se placerait dans l’opposition. Si Salvador Illa a la légitimité, grâce à son score, de devenir président, il va donc devoir négocier dur pour y parvenir.

Carles Puigdemont peut-il devenir président de la Catalogne ?

C’est son souhait. Carles Puigdemont a obtenu un bon résultat (22%), gagnant 100.000 voix par rapport au dernier scrutin. Pas assez toutefois pour dégager une majorité avec les autres partis indépendantistes, dont les scores se sont écroulés. Pour la première fois depuis 14 ans, les indépendantistes n’ont donc plus de majorité absolue au parlement catalan. Carles Puigdemont a toutefois appelé ERC à réfléchir à une majorité alternative…. mathématiquement compliquée, voire impossible.

Quand sera formé le nouveau gouvernement catalan ?

Les différents partis ont tout intérêt à prendre leur temps pour débuter les négociations. Selon Ivan Serrano, professeur en sciences politiques à l’Université Ouverte de Catalogne, « il est probable qu’ils laissent passer les élections européennes dans un mois, car toute alliance peut avoir un coût électoral ». Les discussions peuvent ensuite se prolonger plusieurs semaines voire plusieurs mois. Les députés devront toutefois se mettre d’accord sur un chef de gouvernement catalan avant la fin de l’été, sans quoi de nouvelles élections seront automatiquement convoquées pour le mois d’octobre. En attendant, c’est l’actuel chef du gouvernement Pere Aragonès (ERC) qui assure l’intérim.

L’indépendantisme catalan est-il mort ?

C’est la fin de 14 années de majorité absolue des indépendantistes en Catalogne. Tandis que Salvador Illa se félicitait dimanche soir d’une « nouvelle étape » pour la région, la presse espagnole s’est largement faite l’écho d’un « changement de cycle ». Le quotidien El País, journal le plus lu d’Espagne, titrait même lundi matin sur l’enterrement de l’indépendantisme.

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Photo : Clémentine Laurent

« Le vote indépendantiste n’est pas mort, nuance Ivan Serrano, mais la démobilisation de cet électorat a été clé dans ce scrutin ». Une démobilisation qui a débuté, lentement, en 2018, après l’échec de la déclaration d’indépendance et l’incarcération des dirigeants séparatistes. « Des promesses non tenues, une feuille de route confuse et la guerre entre les différents partis indépendantistes ont découragé les électeurs », analyse l’expert en sciences politiques.

L’indépendantisme est encore bien là, séduisant environ 40% des Catalans selon les dernières enquêtes. Mais les leaders et les partis sont visiblement à bout de souffle, incapables de se renouveler après les heures fiévreuses de 2017 et d’incarner un projet crédible pour une Catalogne indépendante.

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