Le Premier ministre Pedro Sanchez a fait entrer depuis mercredi soir l’Espagne dans un chaos politique. La situation va-t-elle se répercuter sur le terrain économique ? Analyse.
La nature, on le sait, a horreur du vide. En sera-t-il de même sur le plan économique ? L’Espagne est probablement l’une des seules démocraties au monde à se retrouver dans cette situation : le chef du pays se met en retrait de sa fonction pendant quatre jours pour décider s’il continue à gouverner ou s’il démissionne. Le tout annoncé sur Twitter avec un document PDF. La crise existentielle du Premier ministre est née de l’accusation, fausse selon lui, de corruption de sa femme dans une affaire politico-financière.
L’Espagne, avec une mise à l’écart de son principal dirigeant pendant cinq jours, est-elle en danger sur les marchés face aux spéculateurs ? Pas forcément si l’on regarde le contexte. Pedro Sanchez n’a pas gagné les dernières élections législatives et a réussi à se faire investir Premier ministre devant le Parlement avec une coalition baroque : les régionalistes basques, les indépendantistes catalans et les extrêmes gauches nationales et régionales. Un conglomérat de 179 députés tant disparate idéologiquement que la possibilité de voter de dégager une majorité pour voter des lois est quasiment nulle. D’ailleurs, le Premier ministre a été incapable de faire voter le budget de la nation pour 2024, le texte le plus important de l’année.
L’exemple des pays voisins
C’est dire si les marchés sont habitués à une Espagne en crise politique. Une éventuelle démission de Pedro Sánchez lundi pourrait finir par un retour aux urnes et offrir une situation plus stable au pays. Par ailleurs,il y a quelques mois, Antonio Costa, Premier ministre socialiste portugais, a démissionné lui aussi dans un contexte de soupçons de corruption et l’impact sur les marchés financiers a été totalement nul.
Cependant, le risque zéro n’existe pas. En Italie, à la fin du mois de septembre dernier, la Première ministre Giorgia Meloni a présenté un budget en déficit aggravé, ce qui n’a pas plu aux marchés qui ont fait exploser les taux d’emprunt à dix ans bien au-delà des écarts habituels. Il faut contextualiser par le fait que l’endettement de l’Italie est le plus lourd de l’Union européenne, à 140 % du PIB. Ce qui n’est pas le cas de l’Espagne avec une dette sous contrôle et une croissance plus forte que ses voisins.