Les roses pleuvront par milliers lors de la Sant Jordi, mais c’est la dernière fois qu’elles proviennent de la région. La Catalogne dit en effet adieu, à regret, à son dernier producteur local.
Photos : Clémentine Laurent pour Equinox
S’il y a bien une fête Barcelonaise à ne pas rater, c’est celle-là. Comme chacun le sait, on célèbre le 23 avril la Sant Jordi, en offrant des livres et des roses. Et si ce n’est pas un secret que tous les livres offerts ne proviennent pas de Catalogne, jusqu’ici, une partie des roses venait de la région. Mais 2024 sonne la fin pour les producteurs de roses catalans.
En effet, le dernier agriculteur local, la famille Pons, implantée dans le canton du Maresme, a annoncé prendre sa retraite. Une catastrophe prévisible, puisque cette année, à l’image des précédentes, seulement entre 1% et 2% des roses vendues lors de la Sant Jordi sont issues du pays. La grande majorité provient de Colombie (63%), d’Equateur (15%) et de Hollande (20%).
La Sant Jordi affectée par le changement climatique
Mais pourquoi si peu de producteurs catalans dans une région qui, pourtant, en aurait désespérément besoin ? Miquel Batlle, président du syndicat des grossistes de fleurs du Mercabarna l’explique par le manque de renouvellement des générations parmi les agriculteurs, le coût des infrastructures nécessaires à la culture et la pression de l’urbanisation venue de Barcelone vers le Maresme, qui efface les champs au profit d’habitations.
On peut, aussi, l’expliquer par le climat de plus en plus chaud qui perturbe le cycle de floraison des fleurs. À cause de hautes températures cette année, les roses catalanes ont éclos trop tôt et donc péri avant la Sant Jordi, ne permettant pas de répondre suffisamment à la forte demande en ce jour de fête. La famille Pons, interviewée par le média Ara, explique aussi que l’interdiction des pesticides et la concurrence déloyale des autres pays producteurs ont augmenté les coûts, rendant plus difficile la production de roses :
« Nous avons commencé à produire des roses il y a 40 ans, et nous ne les produisions que pour Sant Jordi et Tots Sants. Nous pouvions nous permettre de ne pas le faire toute l’année parce que c’était beaucoup moins cher, parce qu’il y avait moins de parasites. Aujourd’hui, comme c’est plus cher, nous devons produire toute l’année, mais nous avons réduit la culture des roses ».
Cette disparition de la production locale est déplorable, tant le secteur de la rose est porteur pour les producteurs et une manne économique pour l’Espagne. Cette année, les Catalans achèteront 7 millions de roses, soit 20% de plus que l’année passée, et les fleuristes Barcelonais réalisent lors de la Sant Jordi pas moins de 30% de leur chiffre d’affaires annuel.