Tous les lundis, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone de Barcelone, experte de son domaine.
Édito de Christian Marion, directeur de la Chambre de Commerce française de Barcelone.
En tant que citoyen franco-espagnol, j’ai souvent été confronté à la question de mon identité, et j’ai souvent choisi de me définir comme « de Barcelone », car cette ville est bien plus qu’un simple lieu de naissance pour moi. C’est un symbole de diversité, de dynamisme et d’innovation.
Beaucoup de Barcelonais partagent ce sentiment, considérant leur ville comme une sorte de Rome moderne, un creuset cosmopolite où plus de la moitié de la population est née outre-llobregat ou outre-besòs. Cependant, ce dynamisme et cette vitalité qui ont caractérisé Barcelone pendant les Jeux olympiques de 1992 et les années qui ont suivi semble s’atténuer. La ville a perdu une partie de cette énergie si caractéristique et d’autres destinations ont pris le devant de la scène, attirant – elles aussi – des capitaux, des touristes et des talents.
Pourtant, la solution ne réside pas seulement dans la compétition avec d’autres villes, mais plutôt dans la collaboration, et en particulier avec Madrid. Les deux villes ne cessent de figurer dans les rankings “des 10 meilleures villes en Europe” (pour lancer sa startup, pour entreprendre, pour y faire un salon, pour partir en vacances, pour étudier, etc…). A tel point que peu de pays peuvent se vanter d’avoir systématiquement deux de leurs villes dans ces classements si journalistiques.
Barcelone ne peut pas se permettre de tourner le dos à l’Espagne plus longtemps et doit exercer son leadership interne si elle souhaite continuer à rayonner en Europe. Certes la méfiance entre les capitales est au plus haut, mais la société civile et le monde économique peuvent et doivent apporter des solutions imaginatives d’égal à égal et lancer des initiatives conjointes qui favorisent le développement économique, l’innovation technologique et la durabilité environnementale.
Les deux Chambres de Commerce françaises en Espagne (Barcelone et Madrid) présentaient la semaine dernière à Barcelone et de façon conjointe, un baromètre du climat des affaires en Espagne.
Même les si les réponses présentaient certaines variations en fonction d’où se trouvait le siège de l’entreprise, cette initiative a été saluée par les entreprises et l’administration. Notre consul général soulignait que “la bi-capitalité doit être vue comme une opportunité. La synergie ne peut qu’être positive quand Madrid et Barcelone unissent leurs forces”.
La notion de bi-capitalité – du moins économique – offre une opportunité unique pour Madrid et Barcelone de s’unir et de capitaliser sur leurs forces respectives. Ensemble, elles pourraient renforcer leur position sur le continent et consolider le poids de l’Europe du Sud.
En collaborant avec Madrid et d’autres régions espagnoles, Barcelone peut contribuer à l’équilibre économique et politique du pays, en jouant un rôle central. L’Espagne a besoin d’un nouveau souffle assis sur une base de loyauté et de confiance mutuelle qui l’aidera à faire face aux défis d’un monde de plus en plus instable.
La France réclame un partenaire fort qui l’aide à prendre le leadership en Europe.