En 2023, le gouvernement espagnol a proposé de construire une nouvelle piste sur l’aéroport de Barcelone, afin d’en internationaliser le trafic. La Generalitat et la Mairie de Barcelone s’étaient alors vertement opposées pour des raisons environnementales. Mais en pleine campagne électorale, le président catalan modère sa position en envisageant une augmentation de la capacité du Prat.
Agrandir le Prat rime avec plus d’avions polluant Barcelone et se conjugue avec la destruction d’espaces naturels situés autour de l’aéroport. L’an dernier, Madrid fut accusée d’ultra-libéralisme par les forces politiques locales avec son projet de construction aéroportuaire.
Une dissolution parlementaire plus tard, le président catalan Pere Aragonès, en campagne électorale pour sa réélection, ouvre désormais la porte à une augmentation massive du fonctionnement des pistes de l’aéroport pendant les matins des mois de juillet et août. Oubliée donc, la protection de la qualité de l’air de Barcelone, mais la Generalitat garantit ne pas transformer les espaces naturels du Prat en chantier.
Actuellement, l’aéroport fonctionne avec deux voies parallèles. La plus large et la plus éloignée de la mer pour les atterrissages, et la seconde pour les décollages. Une troisième piste transversale est utilisée la nuit ou durant les périodes de faible activité.
La proposition du gouvernement catalan vise à ce qu’en juillet et août, dans un créneau horaire de 10h à 14h, ces deux pistes parallèles deviennent indépendantes, pour effectuer toutes deux les atterrissages et les décollages de manière autonome. La mesure permettrait de passer de 78 vols par heure à 90, le maximum prévu dans la déclaration d’impact environnemental.
Toujours au niveau de la conciliation entre augmentation du trafic aérien et bien-être, la Generalitat demande à ce que les 300 millions d’euros proposés par Madrid l’an dernier pour effectuer les travaux de construction d’une nouvelle piste soient finalement destinés aux riverains de Castelldefels et de Gava. Les habitants de ces deux communes souffrent de nuisances sonores et les sommes financières seraient distribuées sous forme de subventions pour isoler phoniquement les habitations. Cependant les deux mairies, ainsi que celle du Prat, ont fait part de leur opposition à ce nouveau projet de la Generalitat.
Éviter la saturation estivale
L’idée de ce plan est de résoudre le problème de congestion qui se produit tous les étés au Prat. Simultanément, la Generalitat veut accroître le rôle complémentaire des aéroports de Gérone et de Reus. Mais cet ambitieux projet pêche par l’absence d’une connexion ferroviaire à grande vitesse entre ces deux aéroports et Barcelone.
La Generalitat ne possède par les compétences exclusives en la matière. Il faudra donc négocier chaque mesure avec le gouvernement central et Aena, l’entité hybride publique privée qui gère tous les aéroports du pays.
Rejet du gouvernement espagnol
Et pour le moment, ce n’est pas gagné. Les premières voix gouvernementales se sont fait entendre pou signifier leur rejet.
Selon le ministre des Transports, Óscar Puente, interviewé hier jeudi sur Catalunya Ràdio, il s’agit d’une proposition « à très courte portée » qui ne respecte pas la santé des riverains et n’exploite pas le potentiel de l’aéroport en matière de connexion intercontinentale. » Jordi Hereu ancien maire de Barcelone et actuel ministre de l’Industrie, s’est montré également défavorable à cette idée lors d’une interview au journal La Vanguardia. Le gouvernement catalan ne désespère cependant pas d’arriver à un accord.