Alors qu’en Europe de plus en plus de pays envisagent de rétablir le service militaire obligatoire, en Espagne les « survivalistes » se préparent à faire face à un éventuel conflit mondial.
Photo : Andreas Wagner/Unsplash
Dans l’Hexagone, 65 % des Français seraient favorables au rétablissement du service militaire obligatoire. Un choix motivé par un contexte international sous tension. En Espagne, la mouvance « survivaliste » a quant à elle le vent en poupe. Déjà en 2020, lors du Covid-19, la population mondiale s’était ruée sur les denrées non-périssables. En 2024, les guerres en Ukraine et en Israël font planer un risque de conflit mondial. Une situation qui alimente le mouvement « survivaliste » dont les adeptes ne se contentent plus seulement de stocker nourriture et produits hygiéniques…
Se préparer aux combats
Comme le souligne Marcos Cámara, porte-parole de l’association Madrid Jungla, le « ‘prepping’ (terme anglais désignant le phénomène dont le nombre d’adeptes est de 3,7 millions aux États-Unis) ne consiste pas seulement à stocker des canettes », explique-t-il dans les colonnes du média Diario ABC. Selon lui, de plus en plus d’Espagnols songent à se préparer militairement. « Je suis un civil normal, mais j’ai appris à faire un garrot. De plus, dans nos classes, nous avons plusieurs anciens soldats, des gens qui, par exemple, ont servi en Afghanistan et dont nous apprenons beaucoup », explique Marcos Cámara.
Le professionnel dirige cette association madrilène qui rassemble chaque semaine des personnes désireuses de se « préparer » au pire. Marcos Cámara assure que la tendance va loin et touche de nombreux milieux sociaux. Il confie même connaître des groupes vivant dans la périphérie de Madrid qui ont commencé à cultiver des céréales quand Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine. La raison ? L’Ukraine et la Russie font partie des plus gros exportateurs de céréales en Europe et dans le monde.
Cours de survie : de plus en plus de disciples
Ignacio Ortega, instructeur à l’École espagnole de survie, remarque une hausse de la demande de ses cours. Elle s’élève à + 150 % ces dernières années ! Il explique également que le profil de ses disciples se diversifie. Au début, il s’agissait essentiellement d’hommes d’âge moyen intéressés par la nature et les expériences dans des environnements ruraux. Désormais, selon Ignacio Ortega, « des familles entières viennent, des couples et même des enfants », rapportent nos confrères du média ABC.
Ignacio Ortega n’est d’ailleurs pas le seul à avoir décelé ce phénomène. Federico Díaz, PDG d’Ocius Park, un espace pour s’initier à la survie en pleine nature, affirme que « l’augmentation a été constatée depuis la pandémie et s’est accentuée en raison des guerres actuelles ». Mais, il évoque aussi une autre raison : la saturation des programmes télévisés autour de la survie. En France, le programme « Koh Lanta » draine par exemple encore des millions de spectateurs parfois désireux de tester leurs limites.
Anticipation comme maître-mot
Cet intérêt pour la survie cohabite avec le style de vie dite « prepper« . « »Non seulement le survivalisme est valable en cas d’invasion zombie, mais réfléchissons à des choses plus réalisables. Par exemple, lors de l’incendie du bâtiment Campanar à Valence. Les voisins ont fui avec tout ce qu’ils portaient, perdant même leurs papiers d’identité et de propriété. Cela ne serait pas arrivé à un survivaliste », assure Cebreiro, administrateur du blog « Preparacionismo y supervivencia« .
Selon lui, la règle de base d’un « survivaliste » est d’avoir un petit sac à dos près de la porte de l’entrée de son logement, avec des objets pour survivre 72 heures. Le sac doit par ailleurs disposer d’une « clé USB » avec des documents importants numérisés. En résumé, le « survivalisme » peut être utile dans « toute situation dans laquelle les besoins fondamentaux sont mis à mal », affirme Ignacio Orgeta, formateur à l’École espagnole de survie.
Néanmoins, à l’heure actuelle, ce qui est clair, c’est qu’en Espagne, face aux catastrophes, « des réseaux de solidarité se créent entre les personnes », explique le sociologue de l’Université Rey Juan Carlos. C’est ainsi qu’ont par exemple agi les habitants de Valence après l’incendie d’un immeuble à Campanar en février 2024, ou ceux de La Palma après l’éruption volcanique en 2022 de Cumbre Vieja.
La tempête Nelson a emporté le sable d’une plage de Barcelone