Risque-t-on un jour de subir un tremblement de terre à Barcelone de grande intensité ? Les séismes font partie du quotidien de la Catalogne, l’idée n’est donc pas si farfelue. Equinox fait le point avec un expert en sismologie.
Il y a une dizaine de jours, un séisme de magnitude 2,8 a été enregistré à Vidreres, dans la province de Gérone. 12 heures plus tard, un autre de magnitude 3,1 touche Sant Feliu de Guíxols, à 25 km de là. Si ces tremblements de terre ont été ressentis dans la région du Baix Empordà, pas de panique : aucun blessé ni aucun dégât n’ont été à déplorer.
Reste que notre esprit, programmé pour imaginer le pire, se demande s’il existe un risque réel de tremblement de terre de grande magnitude en Catalogne, voire à Barcelone. Selon l’évaluation du risque sismique en Catalogne de l’Institut cartographique et géologique de Catalogne (ICGC), la région présente une répartition géographique diversifiée. Les régions centrales et occidentales, notamment les Pyrénées et la Garrotxa, sont les plus susceptibles de subir des séismes de forte intensité, classées au niveau 4 sur une échelle de 1 à 4.
En revanche, la majeure partie de la Catalogne occidentale affiche une faible intensité sismique, classée au niveau 1. 25 communes de la région sont à vulnérabilité élevée, c’est-à-dire que 40% des bâtiments présenteraient des dommages modérés ou graves en cas de séisme, contre 569 à vulnérabilité moyenne et 347 à vulnérabilité faible. On peut donc souffler.
La Catalogne moins exposée que d’autres régions espagnoles
Globalement, les régions côtières de Barcelone et de la Costa Brava présentent des risques « modérés ». Barcelone se trouve géographiquement à mi-chemin entre les zones de risque modéré et de risque léger en ce qui concerne les séismes, mais elle est classée comme présentant un risque « élevé de dommages », à cause du nombre d’immeubles qui s’y élèvent dans le ciel.
Pas très rassurant. Nous n’y allons donc pas par quatre chemins et demandons à Javier Fernandez Fraile, sismologue à l’Institut Géographique National (IGN), s’il faut s’inquiéter d’un possible tremblement de terre à Barcelone. « Si nous consultons la carte de la dangerosité, Barcelone n’est pas l’une des zones de la péninsule ibérique présentant le plus grand risque de subir un tremblement de terre », annonce-t-il tout de go. S’il y a eu ces dernières années une « activité sismique assez importante » sur le territoire espagnol, la Catalogne se situe actuellement dans une « période normale ». « Il n’y a donc aucun risque spécial pour le moment », rassure-t-il.
« Les zones les plus importantes sont Grenade, la région de Murcie, le sud de la péninsule, ainsi que la zone des Pyrénées et la région du nord de l’Espagne, à la frontière avec la France. Barcelone ne serait donc pas parmi les zones les plus dangereuses, mais aucune zone du territoire n’est exempte de risques sismiques », ajoute-t-il toutefois.
Au cours du dernier mois, 23 tremblements de terre ont été enregistrés en Catalogne, mais seulement deux d’entre eux ont été ressentis par la population : il s’agit des deux secousses des 15 et 16 mars à Gérone. « Ce sont des tremblements de terre très petits avec lesquels nous vivons quotidiennement dans tout notre territoire. Pour qu’il cause des dommages, un tremblement de terre doit être d’au moins 5 en intensité », explique Javier Fernandez Fraile.
Il faut toutefois garder à l’esprit que « ni l’IGN, ni personne ne peut prédire les tremblements de terre aujourd’hui. La seule chose que nous pouvons faire est d’identifier les zones où des tremblements de terre se sont historiquement produits et où ils pourraient se produire à l’avenir », conclut le sismologue, qui préconise d’être toujours au courant des recommandations à suivre en cas de séisme.