Quand les Barcelonais fuient la ville en masse pour la campagne

Le phénomène d’exode rural prend de plus en plus d’ampleur à Barcelone, où l’équivalent de la population du Raval devrait quitter la ville pour la campagne dans les cinq ans.

Environ 70 000 personnes quitteront Barcelone au cours des cinq prochaines années pour s’installer à la campagne. Cette conclusion (un peu ambitieuse, quand on connait l’attrait de la capitale catalane), on la doit à une vaste étude de l’Institut Metròpoli de l’Universitat Autònoma de Barcelona (UAB) concernant le phénomène de « contre-urbanisation » qui émerge en Catalogne.

quartier vivre à barcelone

Pour trouver ce chiffre, les chercheurs ont d’abord observé que 31,4% de la population métropolitaine résidant dans de grandes villes prévoit de changer de logement dans les cinq prochaines années. De ce nombre, 30,9% de ces changements sont prévus vers des zones semi-denses et rurales. Ils estiment ainsi qu’environ 69 000 personnes chercheront à quitter Barcelone pour la campagne (51 000 ayant l’intention de déménager dans une municipalité de la Région métropolitaine de Barcelone et 18 000 dans une municipalité du reste de la Catalogne). Une population qui équivaut actuellement à celle du Raval, pour vous donner une idée. À l’échelle du 1,7 million d’habitants de Barcelone, c’est loin d’être à jeter aux orties.

Les origines de l’exode rural à Barcelone

Alors que le siècle dernier, la population se ruait des campagnes vers les villes, on observe donc désormais la tendance inverse. Les centres urbains sont passés de mode ? Selon l’étude, la recherche d’un mode de vie différent en dehors de la ville, davantage d’espace ou de contact avec la nature, ainsi que par les prix prohibitifs du logement à Barcelone et dans d’autres grandes villes catalanes sont autant de raisons qui poussent les habitants de la Ciutat Comtal à voir si l’herbe est plus verte hors de la ville. Surtout les jeunes familles espagnoles « avec ou sans enfant », comme le recense l’Institut Metròpoli. Pour les étrangers qui viennent s’installer en Catalogne, la préférence va toujours aux grandes villes.

En réalité, cette tendance a été impulsée par la pandémie de covid, quand les Barcelonais suffoquaient dans leurs petits appartements sans jardin (avec balcon, s’ils étaient chanceux). En 2021, 40,1% des inscriptions au registre des habitants dans les zones rurales de Catalogne provenaient ainsi de personnes qui fuyaient les grandes villes, soit 5 points de plus qu’en 2019. Toujours en 2021, 10% des changements de résidence enregistrés dans les villes catalanes ont conduit vers des zones rurales. Il y a eu 16.300 déménagements de ce type, soit près de 4.000 de plus qu’en 2019 et 6.000 de plus qu’en 2015. Les données pour 2022 n’ont pas encore été publiées.

village catalogne

L’étude met toutefois en garde : l’exode rural n’est pas sans risque. Il vaut mieux avoir une vision claire de son impact sur la vie locale, comme l’accès au logement des populations locales, avant de débarquer la bouche en cœur et de provoquer des querelles de voisinage. L’institut sonne aussi l’alarme sur le risque de voir ces coins de campagne se transformer en dortoirs, comme c’est le cas pour de nombreuses villes de France.

Pour éviter que ça ne tourne au vinaigre, l’étude conclut qu’il faut décentraliser les activités économiques et culturelles (loin des métropoles comme Barcelone, le point faible des campagnes), améliorer les transports en commun dans ces zones parfois reculées et même y booster le télétravail. Car si vous comptiez déménager à la campagne et y trouver les mêmes services qu’en ville dans un rayon de 500 mètres, vous risquez d’être (très) déçu…

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