Le conflit autour de la création du Las Vegas catalan a provoqué les élections anticipées

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Un complexe de loisirs et de casinos en Catalogne sème la zizanie et a poussé le Président catalan à convoquer des élections anticipées. Décryptage. 

Hard Rock ou le Las Vegas Catalan. La multinationale américaine projette de créer un gigantesque espace de loisirs à Salou, près de Port Aventura. Casinos, hôtels, spectacles et une avenue consacrée uniquement aux commerces. Avec un budget pharaonique qui peut atteindre jusqu’à 2 milliards d’euros d’investissement.

Le concept provoque une levée de boucliers d’une partie de la classe politique catalane et des habitants voisins du chantier. Un parc gourmand en eau alors que la Catalogne est en état d’urgence sécheresse, la prolifération de casinos provoquant potentiellement des addictions et la destruction d’un espace naturel sont les principales raisons du rejet.

Le président Pere Aragonès (ERC – Gauche indépendantiste), sans majorité parlementaire, cherchait des alliés pour voter les budgets de la Catalogne pour l’année 2024. En Comú, la gauche radicale dont fait partie Ada Colau, est un partenaire habituel d’ERC. Naturellement, Aragonès s’est tourné en direction d’En Comú pour le vote des budgets. Ces derniers ont refusé en raison du projet Hard Rock, qualifié de toxique et représentant un modèle économique surgi tout droit du passé. La gauche radicale demande au gouvernement d’interdire définitivement le Hard Rock.

Le président catalan argumente que c’est techniquement impossible. En effet, le groupe américain possède un plan directeur urbanistique. Ce permis de construire a été octroyé par le gouvernement conservateur d’Artur Mas en 2012. Légalement, la Generalitat ne peut plus stopper la construction du complexe de loisirs. Un serpent de mer qui hante la politique catalane depuis une décennie. Les mairies et les associations de la zone de Tarragone arrivent à ralentir l’entreprise en saisissant la justice, notamment en raison la destruction de l’espace naturel. Et cela semble fonctionner dans la mesure où la première pierre de l’édifice n’a pour le moment jamais été posée.

Fragile équilibre

Paradoxalement, les socialistes, eux, refusent de voter les budgets en raison d’un manque de volonté du gouvernement catalan de soutenir le Hard Rock. Si la Generalitat ne cherche pas à s’opposer à la construction, elle n’a pas versé un seul centime d’argent public pour aider l’entreprise à mener à terme son projet. Un fragile équilibre sur lequel Pere Aragonès tente de gérer le dossier. Or, les socialistes estiment que le Hard Rock va créer des emplois et favoriser l’économie locale, il est donc légitime, selon eux, que les pouvoirs publics s’investissent dans le programme de cette œuvre.

DSC 7799 2 scaledPar ailleurs, le parti socialiste déplore que le gouvernement catalan a refusé l’année dernière d’agrandir l’aéroport de Barcelone. Tandis que Pere Aragonès invoquait des raisons environnementales, les socialistes, une fois encore, parlaient de l’économie avec l’arrivée d’encore plus de touristes et d’entreprises intéressées par les vols directs internationaux.

Enfin, au niveau de la politique politicienne, favori des sondages pour les prochaines élections, le socialiste Salvador Illa ne veut pas apparaître comme un collaborateur de l’actuel gouvernement de gauche indépendantiste.

Suite à cet échec de la négociation des budgets, le président Aragonès a choisi de dissoudre le Parlement et convoquer des élections anticipées qui se tiendront le 12 mai prochain. Un pari risqué.

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