L’Espagne se prépare à réduire ses journées de travail pour passer aux 35 heures. La ministre du Travail, Yolanda Díaz, sonne la charge contre les restaurants pour avancer la fermeture et ainsi éviter les horaires nocturnes des employés.
« Il n’est pas raisonnable que l’Espagne soit un pays dans lequel nous convoquons des réunions à 20 heures et qui ouvre ses restaurants jusqu’á une heure du matin .J’ai rencontré les employeurs du secteur du tourisme et nous avons parlé des différences avec le reste de l’Europe. C’est fou de prolonger les horaires jusqu’à pas d’heure ». Cette déclaration de la ministre du Travail, prononcée en début de semaine au Parlement lors d’une réunion du groupe de gauche radicale Sumar, sème la zizanie dans le secteur de la restauration. Patrons ulcérés d’un côté et employés rebellés de l’autre.
Les serveurs profitent de cette annonce pour faire part de leurs doléances. Il n’est pas rare que dans les bars, les employés travaillent de 13h à 17h puis de 20h à 3h du matin. Le tout pour un salaire moyen compris entre 1200 et 1400 euros. Le supplément pour les heures nocturnes est rarement payé en Espagne. En toute illégalité. Les patrons d’établissements se défendent en argumentant que ces conditions permettent d’offrir des tarifs plus bas aux clients que dans le reste de l’Europe.
La droite opposée à la mesure
La très populaire, et très droitière, Isabel Ayuso, présidente de la région de Madrid est entrée dans la danse. Dans un message posté sur le réseau social X, la cheffe de la droite croit savoir que « l’Espagne possède la meilleure vie nocturne au monde, avec des rues pleines de vie et de liberté. Et cela crée aussi des emplois. Ils veulent que nous soyons puritains, socialistes, sans âme, sans électricité et sans restaurants. Ils veulent que l’on s’ennuie à la maison. »
La Fédération nationale des entrepreneurs de loisirs et de spectacles est aussi vent debout contre la mesure. « Toute expérience qui met en danger notre mode de vie, notre attrait touristique et l’activité des entreprises du secteur ne peut que provoquer un rejet social et économique.
Évidement, pas convaincue par l’argumentaire, Yolanda Diaz a rétorqué lors d’une interview sur la TVE que « toute personne qui travaille après 22 heures, dans n’importe quel service, tout professionnel de la communication, tout personnel de santé, tout professionnel de la sidérurgie qui travaille de nuit, sait parfaitement que cela comporte des risques pour sa santé ».
Yolanda Diaz, cheffe de la gauche radicale et poids lourd du gouvernement, veut que l’Espagne sorte des 40 heures de travail hebdomadaire pour arriver aux 35h. Le Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, défend cette proposition. Cette législature sera celle du « nouveau statut des travailleurs ». « Une culture du travail différente sera promue, qui permettra une meilleure conciliation des vies personnelle et professionnelle, avec le principe du travailler pour vivre et non vivre pour travailler« , s’enthousiasme le chef du gouvernement.