Comment adapter ses services pour plaire à la fois aux locaux, aux Français et autres internationaux, quand on travaille dans le tourisme à Barcelone ? Ces Français témoignent.
Photo de couverture : Clémentine Laurent
Entre le chauvinisme enflammé des Français, la fierté indomptable des Catalans, et l’exubérance clichée de l’international, les stéréotypes concernant les touristes et locaux semblent indestructibles. Curieux, nous avons plongé au cœur de ces idées reçues, en quête de vérité auprès de ceux qui côtoient au quotidien cette mosaïque humaine : les professionnels du tourisme et de l’immobilier.
Premier cliché confirmé : celui du Catalan archi-fier de sa région. Jeremy Solsona, guide touristique chez Voyage en Français, met en avant l’importance d’ajuster ses visites pour les locaux : « Je dois m’adapter en racontant par exemple plus d’anecdotes, des secrets sur les rues… parce qu’au final, ils connaissent déjà bien leur histoire », déclare-t-il à Equinox.
À la limite de tester les connaissances du guide français en face d’eux… Et à des années lumières des touristes internationaux. « Là par contre, on a une idée très générale de Barcelone, on ne sait pas trop que quoi ça parle et donc on tombe un peu vite dans le cliché pour les visites touristiques. J’ai par exemple un tapas tour qui fonctionne très bien. Ils adorent que l’on parle de la gastronomie et de la qualité de vie ici », indique-t-il.
Quant aux Français, Solsona les décrit comme étant entre deux mondes : « Les touristes français ne vont pas vraiment s’intéresser à la culture de Barcelone… Étant donné la proximité avec la France, ils se disent qu’au pire, ils reviendront une autre fois pour les visites culturelles. » Sa stratégie pour piquer leur intérêt : montrer la Catalogne sous un jour différent de la France, pour leur amener un peu d’exotisme.
Entre chauvinisme et méfiance
Les Français sont également réputés pour leur chauvinisme (surprise !), affirme Jérémy Solsona : « Au restaurant, les Français passent la moitié du temps à analyser la nourriture qu’ils consomment et le comportement des serveurs. » Romain Traversino, directeur d’agence immobilière chez J’achète en Espagne, à Barcelone, souligne de son côté une tendance à préférer travailler entre Français, contrairement aux locaux : « Un client catalan ou espagnol ne fait preuve d’aucun nationalisme vis-à-vis de ses pairs. »
Il remarque aussi une divergence dans les méthodes de travail : « En business, les Français vont plus chercher à trouver des solutions… Alors que les Espagnols et Catalans vont bien plus être dans une culture de l’affrontement. » Une perception qui influence sa manière de négocier et de s’adapter aux exigences locales.
Frédéric Redon, conseiller immobilier chez iad, parle, lui, de l’exigence du client français et de leur méfiance liée à la méconnaissance du marché espagnol. Il met en avant l’importance de s’adapter au système espagnol, souvent incompris par les Français qui ont parfois des attentes irréalistes : « Plus d’une fois, j’ai reçu des demandes avec un budget de 40.000€ pour un penthouse avec terrasse, ascenseur, en première ligne de mer… Bien sûr, je dois leur expliquer – avec un sens de l’humour – qu’il n’existe pas d’opportunités de ce genre », rit-il.