Alors que le mouvement de protestation des agriculteurs se poursuit, la grande distribution craint des ruptures d’approvisionnement. Le blocage du marché de gros de Barcelone sera l’un des prochains objectifs des manifestants.
Le souvenir de mars 2022 est encore dans toutes les mémoires de la grande distribution espagnole. Le débrayage des chauffeurs poids lourds, qui protestaient contre la hausse du carburant, avaient provoqué des pénuries pendant plusieurs jours. Le secteur agro-alimentaire avait alors chiffré ses pertes à plus d’un demi-milliard d’euros.
Cette semaine, ce sont les agriculteurs et les éleveurs qui ont initié des blocage routiers un peu partout en Espagne et font frémir les supermarchés. Si pour l’instant, les manifestations n’ont pas entravé les livraisons alimentaires, le mouvement pourrait prendre une autre tournure la semaine prochaine. En Catalogne, le syndicat Unió de Pagesos convoque mardi 13 février le blocage du marché de gros de Barcelone, Mercabarna, du port de Tarragone et de la Jonquera, à la frontière franco-espagnole. Les agriculteurs sont invités à participer à des opérations escargots depuis leur lieu de résidence jusqu’à l’un de ces trois points de rendez-vous.
« Garantir la libre circulation des marchandises »
La grande distribution en appelle à « la responsabilité » des manifestants et à l’aide, si nécessaire, des pouvoirs publics. Les patrons de supermarchés ont réclamé au gouvernement espagnol de « garantir la libre circulation des marchandises pour que les événements de 2022 ne se reproduisent pas ». Ils estiment que les revendications d’un secteur ne devraient pas porter préjudice à un autre pan de l’économie.
La chaîne alimentaire est « extraordinairement dépendante du transport », a averti Ignacio García Magarzo, directeur général de l’association espagnole des distributeurs et supermarchés. « Il peut y avoir d’importants manques de nourriture », a renchéri le président de la plateforme nationale du transport Manuel Hernandez.
Ce qui est sûr, c’est que cette crise arrive au plus mauvais moment. « La chaîne d’approvisionnement mondiale se trouve déjà en forte tension à cause du conflit en mer rouge« rappelle l’économiste Cristian Castillo Gutiérrez. Les agriculteurs, eux, ne comptent pas stopper les blocages avant d’obtenir des avancées significatives pour leur secteur. Ils réclament des simplifications administratives, des normes européennes plus efficaces et des aides pour survivre aux rudes restrictions d’eau qui leur sont imposées à cause de la sécheresse.