En Espagne, le SMIC a presque doublé en 15 ans

Clémentine Laurent Photographie

L’Espagne a annoncé une nouvelle augmentation du SMIC, rattrapant ainsi son retard européen. Le revenu minimum a bondi de 90% en 15 ans. 

Photo : Clémentine Laurent

1323 euros par mois (sur 12 mois), c’est le nouveau montant brut du SMIC en Espagne. Alors qu’il n’était qu’à 700 euros en 2008, le revenu minimum espagnol a parcouru un long chemin, à travers crises économiques et politiques, pour finalement s’aligner sur ses voisins européens.

La hausse a subi une accélération depuis l’arrivée au pouvoir du socialiste Pedro Sánchez en 2018. Il était alors à 860 euros et son augmentation était une promesse des deux partis en coalition, socialistes et Podemos. « Les deux forces de gauche ont tablé sur une progression progressive mais continue, et c’est ce qu’elles ont fait », explique à Equinox le politologue Sergio de Maya.

Augmentation de 54% depuis l’arrivée de la gauche

Six ans plus tard, l’exécutif se félicite d’avoir fait grimper le revenu minimum de 54% au cours de ses deux législatures. « L’Espagne va dans la bonne direction », a indiqué le chef du gouvernement, qui assure vouloir garantir le pouvoir d’achat des Espagnols face à une inflation galopante. Car la péninsule ibérique a été particulièrement touchée par la hausse des prix : le panier de courses basiques a augmenté de 20% en un an, entraînant de fait une baisse du pouvoir d’achat.

augmentation smic e1707150234676Mais la réforme du SMIC vient aussi réparer une anomalie. Non seulement le revenu minimum était à la traîne européenne, mais il était aussi très éloigné du salaire moyen espagnol. « Cela entraînait des situations de grande précarité et de pauvreté chez les jeunes et les femmes, qui sont les catégories les plus concernées », explique Sergio de Maya. La norme communément admise en Europe, sans être obligatoire, place le revenu minimum à 60% du salaire moyen, actuellement à 2363 euros en Espagne (derniers chiffres officiels 2022). L’Espagne se rapproche donc. là aussi. des standards européens.

Les petits patrons inquiets

L’accord trouvé avec les syndicats sera approuvé aujourd’hui en Conseil des ministres, avec caractère rétroactif au 1er janvier 2024. Il n’a pas été validé par les organisations patronales, qui tablaient sur une hausse de 3 ou 4%, au lieu des 5%, et réclamaient des actualisations de tarifs pour les marchés publics ainsi que la baisse des charges sociales pour les agriculteurs.

Aucune de leurs demandes n’a été acceptée. Les patrons se plaignent du peu d’écoute trouvé auprès de l’exécutif et craignent que cette nouvelle augmentation du SMIC, non planifiée par les entrepreneurs, ne mette en péril les structures les plus fragiles, notamment parmi les TPE et les PME. Ils soulignent que, malgré les bons chiffres de l’emploi en Espagne, les investissements sont à la baisse, et que de telles décisions pourraient continuer de les freiner, alors qu’ils sont « le levier de la productivité, de l’activité, de l’emploi et des hausse de salaires de demain ».

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