C’est une promesse du gouvernement : le congé paternité devrait bientôt passer à 20 semaines. Depuis 2021, l’Espagne bénéficie déjà d’un congé paternité unique au monde : égal au congé maternité, il est de 16 semaines rémunérées à 100%. Ces parents expatriés en ont bénéficié. Témoignages.
Joachim, Français installé à Barcelone depuis 10 ans, ne s’est arrêté que 6 semaines à la naissance de sa fille en 2016. Mais quand il devient papa une seconde fois en avril 2021, cet agent immobilier prend cette fois-ci 18 semaines (16 semaines légales + 2 semaines offertes par l’employeur) pour s’occuper de son bébé. Alors qu’est-ce que ça change? “Tout. C’est le jour et la nuit” , répond du tac au tac ce papa de 46 ans.
“Six semaines, ce n’est rien, juste le temps que mon épouse récupère. A mon retour au travail, c’est elle qui a tout géré : le bébé, mais aussi faire le tour des crèches, les démarches pour le passeport, etc. Moi j’étais un assistant. C’est seulement lors de mon second congé paternité que j’ai appris à vraiment m’occuper d’un bébé, à reconnaître les montées de fièvre, les poussées dentaires”, raconte en souriant Joachim qui a coupé son congé en deux. Six semaines à la naissance simultanément avec son épouse, puis 12 semaines seul quand elle a repris le travail.
“Je crée une vraie relation avec mon bébé, indépendamment de ma femme”
François, papa belge d’Eva 2 ans et Paola 5 mois, a divisé son congé de la même manière. Fin janvier, son épouse a repris le travail, et il s’occupe désormais seul de leur cadette, avec une routine bien huilée. Le matin, il fait les tâches ménagères et prépare le dîner du soir pendant la sieste de Paola. A midi, il rejoint son épouse qui allaite le bébé. En fin d’après-midi, il va chercher la grande à la crèche, puis direction le parc.
“Je crée une vraie relation avec mon bébé indépendamment de ma femme, c’est crucial”, explique François. Ses amis belges qui eux n’ont droit qu’à 3 semaines de congé paternité sont impressionnés par son aisance avec ses enfants. “Ils sont surpris de voir à quel point je suis familier avec le processus de la sieste. Ou que mes filles viennent vers moi autant que vers ma femme en cas de crise, quand leurs enfants vont eux plus systématiquement vers leur mère”, raconte-t-il.
Moins d’aides qu’en France, mais plus de flexibilité
Actuellement en congé maternité, Steffi, originaire de Nancy et maman de deux enfants, observe aussi une différence avec ses amies en France. “Elles sont plus stressées à devoir trouver une crèche rapidement. Dès que leur partenaire reprend le travail, elles se chargent de plus de choses, elles sont très vite dans un autre rythme. Ici on peut plus prendre le temps », affirme Steffi.
Professeure d’université à Barcelone, elle se sent beaucoup plus sereine à l’idée de reprendre le travail dans quelques mois. Au lieu de poser son congé paternité d’un coup, son mari, ingénieur informatique, va l’échelonner et se mettre à temps partiel pendant plusieurs mois, ce qui est autorisé par la loi espagnole.
Il travaillera quatre heures par jour pour pouvoir gérer les enfants matin et soir. “C’est un énorme soulagement car je peux travailler très tôt ou très tard, je n’ai pas des horaires de bureau classiques”, explique Steffi. Et elle conclue: “Par rapport à la France, ici on a moins d’aides financières à l’arrivée d’un enfant, mais je ne changerai ce système pour rien au monde”.