Les agriculteurs catalans annoncent des fermetures d’axes routiers ce mardi 6 février. En réaction, le ministère a convoqué une réunion avec les syndicats agricoles majoritaires pour anticiper d’éventuelles perturbations.
La fronde des agriculteurs français se répand dans la péninsule ibérique. Depuis deux semaines, l’Hexagone est sujette à des blocages et à des manifestations d’éleveurs et de cultivateurs. Ces derniers déplorent une concurrence déloyale à l’échelle européenne et internationale, mais également un système de rémunération leur empêchant de vivre décemment. Alors que la frontière franco-espagnole a été bloquée plusieurs jours par les agriculteurs, des perturbations pourraient survenir dès la semaine prochaine sur les routes catalanes.
« Bloquer le pays »
Un consensus a été trouvé le 31 janvier dernier. Effectivement, les agriculteurs catalans se sont mis d’accord lors d’une assemblée à Fondarella (Pla d’Urgell) pour « bloquer le pays ». Ces derniers envisagent de couper les routes nationales, les autoroutes ainsi que les accès aux capitales provinciales. Une manière pour eux de sensibiliser le plus grand nombre de citoyens aux problématiques des agriculteurs « qui ne découlent pas seulement des directives européennes, mais aussi espagnoles », martèlent les agriculteurs.
Ils déplorent également le système agro-alimentaire. Même si le prix de la nourriture dans les supermarchés a augmenté en raison de l’inflation, les tarifs payés aux producteurs agricoles et aux éleveurs restent toujours inférieurs aux coûts de production. Tout comme les agriculteurs français, ils dénoncent la concurrence féroce représentée par les importations d’Amérique latine, où les normes environnementales sont moins contraignantes qu’en Espagne. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, disent-ils, a été l’augmentation des réglementations de productions devenues très « compliquées ».
La sécheresse comme fardeau
Autre problématique : la sècheresse. Après trois années sans pluies suffisantes, les réserves d’eau catalanes sont passées sous la barre des 16 %, entraînant de facto l’état d’urgence à Barcelone et dans 201 communes catalanes le 1er février 2024. Ainsi, six millions de résidents en Catalogne sont concernés par les nouvelles mesures décidées par les autorités pour préserver les ressources hydriques. Les contrevenants s’exposent par ailleurs à des amendes pouvant atteindre les 3.000 euros.
Conséquence, les agriculteurs constatent que l’amenuisement des ressources en eau ne fait que réduire la rentabilité des petites entreprises agricoles qui, si la situation perdure, devront fermer ou licencier du personnel. Le secteur dénonce également la « paresse » de l’État et de la Generalitat et considère comme « absurde » de « ne pas vouloir négocier » les salaires des éleveurs, rapportent nos confrères du quotidien El Periodico.
Tentative de calmer le jeu
Du côté de Tarragone, les agriculteurs ont également décidé de participer aux blocages des routes mardi prochain. Ils s’effectueront à hauteur de Montblanc et Amposta. Les quelque 400 participants à la réunion de Fondarella ont convenu de se rassembler mardi dans cette même commune avec leurs tracteurs pour couper l’autoroute A-2.
En parallèle, le ministre de l’Agriculture, Luis Planas, a convoqué le 2 février, les syndicats agricoles majoritaires pour tenter d’arrêter les manifestations prévues dans les semaines à venir. Étaient ainsi présents lors des négociations l’Association Agraire des Jeunes Agriculteurs (Asaja), la Coordonnatrice des Organisations d’Agriculteurs et d’Éleveurs (COAG) et l’Union des Petits Agriculteurs et Éleveurs (UPA). Reste à savoir si la mobilisation sera suivie en terres catalanes.
Sécheresse en Catalogne : le guide pratique des restrictions
