Les mouvements de contestations des agriculteurs se multiplient en France et en Europe. Du côté de la Catalogne, ils ne cachent pas leur mécontentement. Pour emboîter le pas, une grande manifestation nationale se prépare le 21 février à Madrid.
Photo : Manifestation d’Unió de Pagesos – Juillet 2023 à Madrid
« Nous observons de près les mobilisations en France et en Europe » confie Josep Guitart, coordinateur régional du Bages au sein du syndicat catalan Unió de Pagesos. « Des protestations semblables n’ont pas été décidées pour l’instant, nous avions déjà manifesté l’été dernier. Les agriculteurs commencent à nouveau à en parler entre eux, le mal-être général est de plus en plus pesant ». Le responsable précise que « même si je n’ai pas de boule de cristal pour prédire la suite des événements en Catalogne, la tendance n’est pas à la fête ».
Au niveau national, plusieurs syndicats ont déjà annoncé l’organisation d’une grande manifestation le 21 février prochain à Madrid, devant le ministère de l’Agriculture. D’après l’Unión de Uniones de Agricultores y Ganaderos, plus de 500 tracteurs ont déjà répondu présent. La mobilisation permettra de revendiquer une vingtaine de mesures que les organisations syndicales jugent nécessaires pour améliorer le bien-être du secteur.
Une pression grandissante
En France, les agriculteurs multiplient les manifestations depuis quelques jours. En début de semaine, ce sont des axes routiers qui ont été bloqués, comme sur l’A9 en direction de l’Espagne du côté de Perpignan. Les mobilisations se répandent aux quatre coins du pays et pourraient se poursuivre en attendant les annonces du gouvernement français. Initialement lancé aux Pays-Bas durant l’été 2022, le mouvement s’est peu à peu propagé à travers l’Europe, notamment en Allemagne et en Roumanie.
Les revendications peuvent varier d’un pays à l’autre, mais elles traduisent la colère des agriculteurs face aux mesures européennes souhaitant interdire des pesticides d’ici à 2030, aux coûts élevés et à la levée des droits de douane sur les produits ukrainiens, entraînant une forte baisse des prix de ces produits et donc une concurrence jugée déloyale.
« Beaucoup de pesticides deviennent interdits, nous sommes en partie d’accord avec ces restrictions pour protéger l’environnement et la santé des consommateurs. Or on nous pointe du doigt comme si nous étions responsables du changement climatique » explique Josep Guitart. « Nous ne comprenons pas l’obligation d’utiliser des produits écologiques sans prendre en compte la baisse de la production. On nous traite comme des multinationales, nous subissons une grande pression en tant que petits producteurs ».
En parallèle, la Catalogne fait face à une sécheresse historique. La sonnette d’alarme a été tirée, la région entrera dans la phase d’urgence au 1er février, des mesures seront annoncées prochainement. Les agriculteurs subissent de plein fouet cette situation dramatique.
D’ailleurs, Josep Guitart rappelle qu’ils sont de moins en moins nombreux à exercer cette profession. L’Espagne a mis en place des aides financières, estimées trop faibles. “C’est comme si tu marchais dans le désert et que seules quelques gouttes d’eau sont distribuées pour ne pas mourir, nous sommes dans la survie” s’attriste Josep Guitart.
