Les divorces interviennent plus tard dans la relation en Espagne qu’en France. Focus sur un phénomène peut-être pas si romantique.
Photo : Clémentine Laurent
17 ans. C’est la moyenne espagnole des mariages qui finissent en divorce, soit deux ans de plus que la moyenne française selon les statistiques officielles. Dans les deux pays, les couples ont le plus souvent entre 40 et 49 ans au moment de la séparation, et la moitié d’entre eux ont des enfants mineurs.
L’Espagne tire aussi son épingle du jeu sur la scène européenne. Dans la zone UE, 42% des divorces interviennent dans la première décennie de mariage, contre 32% dans la péninsule ibérique. Alors comment expliquer cette performance ? Pas du côté des procédures de divorce, dont la durée est similaire en France et en Espagne, ni de l’âge du mariage. Dans l’Hexagone, on se marie en moyenne deux ans plus tôt que dans la péninsule.
Faut-il y voir plutôt une différence culturelle ? C’est ce que se demande Nadège Fayard, coach en divorce installée à Barcelone. « Il est frappant de voir ici à quel point la famille est importante ici, on voit souvent les familles se promener ensemble, et notamment les papas emmener leurs enfants à l’école, ce que j’ai rarement vu dans les onze autres pays où j’ai vécu », observe la professionnelle franco-néo-zélandaise. Dans l’esprit de beaucoup d’ibériques, l’importance de la cellule familiale va de pair avec le temps passé en famille dans son sens large : très supérieure aux usages français. Les Espagnols rongeraient donc un peu plus leur frein dans l’intérêt du bien-être familial. Une thèse appuyée par une autre particularité culturelle : les enfants qui restent vivre très tard chez leurs parents.
La lassitude, premier motif de divorce
Mais les Espagnols auraient-ils des atouts plus personnels pour faire durer leur union ? Selon Nadège Fayard, la communication et le respect sont les bases d’un couple qui dure. Si les Méditerranéens sont souvent connus pour leur facilité à s’exprimer, leur sens de l’écoute est peut-être moins évident. Il faut donc regarder du côté des causes de séparation.
En France, ce sont les infidélités qui brisent le plus grand nombre de mariages. Une cause subie et subite. En Espagne, c’est plutôt lié à la lassitude, qui intervient donc au fil des années. « Le premier motif de divorce est le manque d’engagement émotionnel, l’autre n’est plus la priorité, explique l’association espagnole des avocats de familles, on constate le plus souvent un éloignement et un manque de communication provoqués par le travail et l’éducation des enfants ». Si les couples espagnols durent donc un peu plus longtemps, ils ne sont pas exempts d’échec. D’un côté comme de l’autre des Pyrénées, un mariage a une chance sur deux de terminer en divorce.