Édito de Guillaume Rostand, Président de la French Tech Barcelona
“J’ai pas mal de clients qui me demandent mon avis sur le télétravail et ce qu’ils doivent imposer à leurs employés.” Mon ami Geoffroy de Beaucorps, en me glissant cette phrase, m’a plongé dans une certaine perplexité.
Avec le Covid, nous sommes presque tous devenus, du jour au lendemain, des télétravailleurs.Quatre ans plus tard, qu’en est-il ? Et, surtout, comment est-ce que les entreprises gèrent ce sujet ?
Il y a celles qui laissent une liberté totale, celles qui tâchent d’imposer des calendriers – un jour, ou deux, par semaine, et après concertation. Et enfin celles qui ont imposé un retour complet au bureau. Il y a en réalité autant de types et de tailles de boîtes que de solutions.Et autant d’avis, soient-ils empiriques, scientifiques, ou issus du succédané du café du commerce qu’est, par exemple, une plateforme comme LinkedIn. Un jour, on lit que les GAFAM veulent imposer le retour au bureau. On regarde ensuite l’intervention d’Arthur Sadoun qui analyse que le télétravail tue l’innovation et conforte cette conviction. Le lendemain, telle étude montre à quel point ce nouvel “avantage acquis” est devenu crucial dans le recrutement (les candidats posent systématiquement la question dès le début des entretiens, juste avant de parler du ticket restaurant et de l’abonnement à la salle de gym).
Puis, on discute à gauche à droite avec des entrepreneurs.Certains disent que c’est un enfer parce que certaines catégories de postes sont incapables d’être productifs s’ils ne sont pas au bureau quant d’autres se laissent distraire plus facilement s’ils ne s’isolent pas. D’autres au contraire disent que le « full remote » est responsabilisant, offre plus de flexibilité et simplifie la gestion de l’entreprise – souvent ils en ont profité, à juste titre, pour réduire la taille des bureaux et alléger leurs charges.Conclusion : c’est le foutoir.
D’autant qu’à Barcelone, plus qu’ailleurs, la suspicion est grande de croire qu’un employé est parti “bosser depuis la plage”; c’est un cliché, mais il se révèle parfois exact – qui n’a pas évoqué un réseau défaillant pour couper son micro afin que le bruit des vagues ne le trahisse pas, me jette la première pierre !Quelle prospective avoir sur ce débat ?
Mon avis – très personnel – est qu’on ne peut tendre que vers l’un ou l’autre : soit full remote, soit tous au bureau. L’entre-deux est très compliqué.Par ailleurs, l’état de développement de l’entreprise devrait dicter la politique de télétravail : une start-up jeune et encore en phase de développement devrait avoir ses équipes au bureau – disons que cela maximise les chances d’avancer plus vite. Une entreprise plus mature peut se permettre d’accepter le remote, si les gens sont en poste depuis relativement longtemps, si les opérations sont plutôt stables.
En creux, il revient de se poser la question de l’équation entre responsabilité du management, autonomie des salariés et pérennité de l’activité.Ce ne serait donc pas tant la nature des individus que la capacité intrinsèque de l’entreprise qui, de fait, préside au choix.
Et pour revenir à Barcelone, s’il faut choisir entre travailler depuis la plage ou au bureau, c’est là qu’on envie les sociétés comme Desigual ou Kantox qui ont résolu ce dilemme en installant directement leurs bureaux SUR la plage. Ah, alors, à quand les « Chiringuito-working ? »