Même prénom de père en fils, d’où vient cette coutume espagnole

De nombreux facteurs influencent le choix du nom d’un bébé. Des goûts des parents à leurs racines familiales en passant tout simplement par leur goût, en Espagne, il est assez fréquent qu’ils attribuent à leurs enfants leur prénom. Pourquoi ? 

Photo : Isaac Planella Ajuntament

Les plus attentifs auront remarqué que certains Espagnols transmettent leur prénom à leurs enfants. L’ex-président de la région catalane, Artur Mas, a un fils également prénommé Artus. Jordi Pujol, fondateur de la Convergence démocratique de Catalogne a aussi appelé l’un de ses enfants Jordi. Une habitude qui semble ancrée dans la péninsule ibérique, mais un peu moins de l’autre côté des Pyrénées. Pourtant, il y a quelques années, cette coutume était également très présente en France.

Clin d’œil aux ancêtres

Rendre hommage. C’est logiquement l’une des principales raisons pour lesquelles les parents choisissent le nom d’un ancêtre pour leur bébé. Qu’il s’agisse de son propre père ou de ses grands-parents, la répétition des prénoms au sein d’une famille était courante pendant plusieurs siècles, et ce, dans diverses régions du monde.

Bien qu’aujourd’hui les parents cherchent l’inspiration ailleurs, comme dans les chansons, les films, les livres voire dans les cultures d’autres pays. Néanmoins, donner au bébé le nom d’un de leurs ancêtres est quelque chose qui reste encore commun dans certaines familles, notamment en Espagne. Toutefois, il est intéressant de noter que cette tendance à miser sur l’originalité n’est pas si récente que cela puisse paraître. 

Un effet post-Première Guerre mondiale

Au XIXe siècle, la coutume de transmettre les prénoms à ses descendants a commencé à disparaître peu à peu. Elle a décliné progressivement en raison de l’influence des goûts parentaux… jusqu’à ce qu’éclate la Première Guerre mondiale. Selon des recherches menées en France, le conflit international a marqué un avant et un après dans la tradition de léguer au bébé le nom de son père ou d’un proche masculin. 

Espagne

Photo Clara Soler Chopo/Ajuntament.jpg

Selon les chercheurs, cette héritage fait partie de ce que l’on appelle le « culte du soldat tombé », un phénomène visible dans les monuments de guerre érigés après 1918. Dans le cas des prénoms de bébé, les familles ont choisi de leur donner le nom du patriarche non seulement pour l’honorer, mais aussi pour se souvenir en quelque sorte d’un « héros » de leur pays. 

Place centrale de la famille en Espagne

Si en Espagne, ce phénomène semble plus ancré qu’en France, on peut l’expliquer par un sens de la famille plus fort dans la péninsule ibérique. Par exemple, les Espagnols quittent le domicile de leurs parents à l’âge de 30 ans en moyenne. En France, c’est à 23 ans.

En parallèle, à la fin du XXe siècle, les démographes dessinaient déjà des particularités espagnoles au modèle familial. Par exemple, la protection, dans le sens affectif, physique, comme économique, est une notion forte dans les familles espagnoles. Des valeurs et des modes de vie différents en Espagne expliquent par exemple en partie cette tendance à habiter en famille par rapport aux autres pays européens.

Une coutume qui prend racine dans l’Histoire, avec une religion catholique forte et toujours très implantée. Même si l’on constate une évolution en baisse, 70 % de la population espagnole se déclare croyant catholique, selon le baromètre du Centros de Investigations sociologica en 2017. Un mode de vie qui incite par la même occasion les parents à rendre hommage à leurs proches, notamment en transmettant les prénoms des personnes qui leur sont chères.

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