En Espagne, pourquoi beaucoup d’adultes restent vivre chez leurs parents

expatrié à Barcelone

L’inflation et la hausse du prix des logements ne facilitent pas l’envol des jeunes Espagnols, très tardifs à quitter la maison parentale. 

Quitter le domicile familial avant ses trente ans concerne une minorité d’Espagnols, d’après les derniers chiffres de l’Observatoire de l’Émancipation du Conseil de la Jeunesse d’Espagne (CJE) publiés ce mardi 16 janvier. Le taux d’émancipation des jeunes, qui prend en compte les personnes de 16 à 29 ans ayant quitté le domicile familial, est tout de même en légère progression et dépasse les 16 %, une première depuis 2020.

En effet, lors de l’année 2022, le taux d’émancipation des jeunes était de 15,9 %. Il est passé à 16,3 % au premier semestre de l’année 2023.

Néanmoins, il reste en dessous des chiffres d’avant la crise de 2008, où le nombre de jeunes partis du nid dépassait les 25 % dans le pays. Et surtout, l’observatoire rappelle que l’Espagne se situe très en dessous de la moyenne de l’Union européenne, qui est de 32%, soit le double.

Une émancipation freinée par les prix des logements

Il existe quelques disparités entre les régions d’Espagne. La Catalogne est celle affichant le taux d’émancipation le plus élevé au premier semestre de 2023, avec 21 %. Le CJE ajoute qu’il s’agit aussi de la région ayant le meilleur taux d’activité et d’emploi.

En effet, plusieurs facteurs expliquent ces chiffres très inférieurs à la moyenne européenne. Selon les experts, la principale raison serait économique et les prix des loyers qui ne cessent d’augmenter. En considérant que le salaire moyen des jeunes est de 12 062,59 euros nets annuels et le prix moyen des loyers de 944 euros mensuels, un jeune devrait destiner 93,9 % de son salaire net annuel à une location, s’il loue seul le logement.

parler à un barcelonaisPour le Conseil de la Jeunesse en Espagne, ces chiffres permettent d’alerter sur « l’inaction de la politique du logement en Espagne et sur les conséquences négatives qu’elle a eues sur la population en général et, en particulier, sur les jeunes (…) année après année, le pourcentage d’émancipation diminue en raison d’une perte de pouvoir d’achat, une situation qui se superpose à l’augmentation ininterrompue des prix de location et d’achat des logements », a déclaré son président Andrea González Henry dans un communiqué.

Un propos renchéri par le vice-président Juan Antonio Báez, pour qui « les principaux sujets de préoccupation des jeunes, tels que le logement et l’emploi, sont à l’origine de leurs principaux problèmes de santé mentale ».

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