En ce début d’année, l’heure est aux bonnes résolutions, notamment celle de se perfectionner en espagnol. L’apprentissage est parfois semé d’embûches, mais en appliquant quelques conseils, il est possible d’avoir le déclic.
« C’est un de mes objectifs de 2024 : parler espagnol » explique Marie. Après avoir vécu à Londres et New-York, la Française s’est installée avec sa famille à Barcelone il y a huit ans. « Je m’aperçois que je pense d’abord en anglais, puis j’ai le réflexe de traduire de l’anglais vers l’espagnol, ce qui rend l’apprentissage plus difficile car ce sont deux langues qui ne se ressemblent pas ».
Elle remarque également que l’apprentissage adulte s’avère plus compliqué que durant l’enfance, « les adultes n’ont pas la même facilité, mes deux enfants ont maîtrisé l’espagnol très rapidement ».
En effet, apprendre une langue et la pratiquer au quotidien n’est pas toujours une mince affaire. Silvia Cabello, professeur d’espagnol chez ProfeOlé, témoigne avoir des élèves qui se sentent bloqués en parlant la langue de Cervantes, voire qui ressentent de la honte. « Certains vivent à Barcelone et parlent espagnol uniquement avec moi au quotidien, même pas dans les commerces » raconte-t-elle.
La peur de parler une langue étrangère porte même un nom dans les cas les plus extrêmes : la xénoglossophobie. Cette peur irrationnelle provoque un sentiment de malaise, de nervosité, voire d’inquiétude. « Il est très fréquent de se retrouver bloqués, nous sommes programmés pour vouloir bien faire, surtout dans la culture française » analyse la professeure. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de dépasser ce blocage, de pallier le manque de confiance en soi. Tout est une question d’état d’esprit.
Accepter son accent français
Alors pour se détacher de cette exigence, le premier conseil est de se libérer de ce fardeau et d’accepter qu’on ne parlera pas comme un natif. D’ailleurs, l’accent étranger reste un grand complexe pour beaucoup d’apprenants. Comme l’indique Silvia, rien de tel que d’aimer son accent « il n’y a rien d’anormal ou de négatif, au contraire ! Certes il se travaille, mais il faut être fier de faire l’effort de parler espagnol ». De plus, l’enseignante indique que nous avons tendance à retenir des mauvaises expériences et non les positives. « Que ce soit en vivant en Espagne ou quand on voyage, les natifs ont tendance à nous féliciter de parler dans leur langue. Il faut retenir ces encouragements, qui sont souvent plus nombreux que les critiques ».
À plus grande échelle, d’après une étude réalisée en 2020 par Babbel et IPSOS, seuls 20 % des Français interrogés ressentent de la fierté pour leur accent. Ils sont même 25 % à craindre se faire mal comprendre à cause de leur accent et 19 % ont peur d’être jugés. Ainsi, 34 % seraient même d’avis de trouver un moyen pour « masquer » cet accent.
Profiter à 100 % de son expatriation
Changer son regard passe également par voir la pratique de l’espagnol comme un jeu. « C’est une chance d’être expatrié et de mettre en pratique une langue apprise en cours, il faut profiter d’un environnement en espagnol et jouer le jeu à fond sans se prendre la tête. Quel que soit son niveau, l’essentiel est de persévérer » ajoute Silvia.
En effet, d’après elle, l’expatriation est un voyage personnel, qui offre une nouvelle façon de voir le monde, c’est une richesse qui passe par la pratique de la langue. Et, c’est exactement ce que souhaiterait vivre Marie, notamment en élargissant son cercle social avec des locaux. « J’ai l’impression qu’il me manque un je-ne-sais-quoi, je ressens ce besoin d’être à l’aise de parler pour avoir le sentiment de faire pleinement partie du pays. Je l’ai vécu quand j’ai réussi à parler couramment anglais à New-York, j’étais si heureuse de passer ce cap ! C’est vraiment agréable et j’ai envie de vivre ça à nouveau » confie la Française.
Pour ce faire, comme dit Silvia, « apprendre une langue, ce n’est pas une barrière, mais un pont entre deux cultures. » Une fois qu’on a eu le déclic, on est capables d’être soi-même et d’avoir notre vraie personnalité en parlant une autre langue, et c’est sûrement l’une des meilleures réussites linguistiques.