Après les excès de fin d’année, les adeptes du mois de janvier sans alcool sont de plus en plus nombreux. Mais avec près de 10.000 bars et restaurants, Barcelone abrite une tentation à chaque coin de rue. Rencontres.
Photo : @gabatxobcn
Depuis le début du mois, une certaine catégorie de Barcelonais se réjouit de la vague de froid qui s’abat sur la ville : les abstinents du « Dry January« , ou « Enero Seco » en espagnol. « C’est l’excuse parfaite pour rester à la maison », se félicite Léa, 31 ans. Installés depuis 5 ans à Barcelone, elle et son compagnon relèvent le défi du mois sans alcool pour la première fois. Les deux Toulousains ont mis en place une stricte stratégie : « on évite de sortir ! »
Une discipline tout de même difficile à appliquer dans la capitale de la fête. « On associe souvent Barcelone à une ambiance festive, et puis c’est aussi dans la culture espagnole d’aller prendre un verre après le travail par exemple ». Le petit prix d’une bière dans un bar ou le menu du midi avec le vin inclus n’aident pas. Alors le couple, qui sort habituellement le week-end et 2 à 3 fois en semaine, limite toutes ses interactions sociales. Finis les pots entre amis ou collègues, les restaurants et les invitations à dîner. « Après les fêtes, on s’est dit que ce serait bien de faire ça pour notre santé ».
Selon une étude menée pendant 26 ans dans 195 pays et publiée par la prestigieuse revue scientifique The Lancet, toute consommation d’alcool, même modérée, est néfaste pour la santé. L’initiative du « Dry January », lancée comme une campagne de santé publique au Royaume-Uni en 2013, a donc pour but d’inciter le maximum de personnes à réduire leur consommation d’alcool, voire à la supprimer définitivement. Et d’après les premières recherches sur le phénomène, c’est une réussite puisque les adeptes du défi du mois de janvier en viennent à réduire leur consommation au cours de l’année.
« A Barcelone, on a tendance à boire plus qu’avant »
Pour autant, le concept n’est pas encore très suivi à Barcelone, si l’on en croit les professionnels. « On ne nous en parle pas vraiment, et parmi nos habitués, seuls trois couples nous ont dit qu’ils le faisaient », explique Victor, cofondateur du restaurant et bar à cocktails français Gabatxo. Tout de même six personnes de plus que l’année dernière, où il n’avait eu aucun cas d’abstinence mensuelle. Ses clients « en dry » continuent donc de sortir, mais optent pour des bières sans alcool ou des boissons maison, comme des limonades ou des thés glacés. Tous ont relevé le défi en couple, un net avantage pour la motivation.
« Mon copain ne l’a pas fait, moi j’ai essayé.. mais ça n’a duré que jusqu’au 6 janvier », regrette Karine, 35 ans. La célébration de l’Epiphanie chez ses beaux-parents catalans lui a été fatale avec, sur la table de fête, « de très bons vins et du cava ». Pour la Française, c’est dans tous les cas difficile de tenir à Barcelone, « à moins de ne sortir qu’avec des femmes enceintes », plaisante-t-elle. Ou pas. Karine avoue avoir aussi pris de l’alcool chez sa belle-famille pour faire taire toute rumeur de grossesse. « Je me suis dit que si je ne buvais pas, ils allaient se faire des idées ». Une autre pression sociale.
Mais si son « Dry » n’est pas strict, la Paloise n’a bu que deux fois depuis le début du mois, avec la deuxième fois une petite bière seulement, et un objectif de réduire sa consommation de 80%. « C’est vrai qu’en vivant à Barcelone, on a tendance à boire plus qu’avant, la culture s’y prête, mais le climat aussi, c’est agréable de prendre des verres en terrasse avec ses amis », reconnaît de son côté Léa. Alors même si le Dry January y est encore plus un défi, le froid mois de janvier reste, sans aucun doute, le moment idéal pour modérer sa consommation.