Face au manque de professionnels de santé, le terme de désert médical est employé. Quid de l’Espagne, et plus précisément de la Catalogne ? État des lieux.
Depuis ce mercredi 10 janvier, le port du masque est à nouveau obligatoire dans tous les établissements sanitaires d’Espagne. L’objectif ? Éviter la propagation de la grippe, covid-19, et autres virus respiratoires, et avec elle la saturation des hôpitaux et des centres médicaux, publics comme privés.
Depuis quelques années, les syndicats tirent régulièrement la sonnette d’alarme face au manque de professionnels de santé. En mai dernier, le Premier ministre Pedro Sánchez annonçait un budget de 580 millions d’euros pour moderniser et améliorer les centres de santé. La situation reste tendue aujourd’hui.
Eviter les déserts médicaux en Catalogne
De l’autre côté de la frontière, la notion de désert médical est constamment employée pour expliquer la situation en France. Elle correspond au manque de professionnels de santé sur un territoire, que ce soit l’éloignement géographique entre les patients et les médecins, et au temps d’attente pour obtenir un rendez-vous faute d’un nombre de professionnels suffisant. Le ministère de la Santé et de la prévention détaillait déjà en 2022 que « beaucoup de praticiens arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite et les nouvelles générations ne sont pas assez nombreuses pour compenser ces départs. »
Sur le papier, le système de santé public espagnol est organisé pour éviter ce phénomène de désert médical. Chaque résident est inscrit dans un centro de atención primaria (CAP), un centre de santé de son quartier, pour avoir un médecin traitant au plus proche de chez soi. Chaque habitant peut trouver son centre, grâce au moteur de recherche du site web de la Catalogne. D’après les chiffres du ministère de la Santé espagnol, le pays abrite 13 040 centres, dont 1 187 en Catalogne.
La santé publique compte 0,8 médecin généraliste et 0,5 infirmier pour 1 000 habitants dans les CAP, selon un rapport du ministère de la Santé de novembre 2022. En Catalogne, il y aurait 3,6 professionnels de la médecine, toute spécialité confondue, pour 1000 habitants, toujours d’après les chiffres du ministère.
Des zones moins privilégiées
Si le désert médical n’existe pas en ces termes, certaines communes se plaignent de pénurie de professionnels. Près de Tarragone, plusieurs villages de Terra Alta manquent cruellement de médecins, dans une zone où près de 30 % de la population a plus de 65 ans, comme le racontent nos confrères d’El Diario dans un reportage publié en octobre dernier. À La Pobla de Massaluca, les 320 habitants bénéficient seulement d’un créneau de quatre heures, deux fois par semaine, dans leur centre de santé. Avant la pandémie, les rendez-vous étaient disponibles du lundi au vendredi de 8h à 15h. Les médecins partis à la retraite n’ont jamais été remplacés. À une trentaine de kilomètres, à Bot, le constat est le même. La maire Núria Mulet propose même un logement gratuit pour attirer un nouveau médecin. Les candidatures avaient été transmises au département de la Santé catalan.
Les conditions de travail des professionnels de la Santé publique sont régulièrement mises sur la table. Plus récemment, le gouvernement catalan annonçait allouer 320 millions d’euros pour améliorer les conditions de travail du personnel de l’Institut catalan de la Santé, soit les 55 000 travailleurs des hôpitaux et centres d’attention primaire. Parmi les mesures signées le 22 novembre, figurent des hausses de salaire et une réduction des heures de travail annuelles.
Pourtant, estimant ces mesures insuffisantes, les infirmières de Catalogne ont lancé une grève de plusieurs semaines en décembre qui continue aujourd’hui. Puis, ce sont les directeurs de cinquante CAP de Barcelone qui ont emboîté le pas. Ces derniers menacent de démissionner si le texte n’est pas modifié. Des réunions sont en cours entre les représentants syndicaux et la Catalogne afin de trouver un terrain d’entente.