Malgré une situation géopolitique inquiétante et une inflation galopante, la péninsule ibérique emploie à tour de bras et termine l’année avec un mois de décembre record.
Photo : Clémentine Laurent
« Les politiques publiques que nous déployons depuis tout juste deux ans, depuis la réforme de la loi travail, vont dans le bon sens ». La vice-présidente et ministre du Travail Yolanda Diaz jubile. Le marché de l’emploi est florissant et le mois de décembre n’a jamais été aussi bon depuis 16 ans. Un demi-million de postes ont été créés au cours de l’année, dans un contexte mondial pour le moins adverse. Près de la moitié de ces nouveaux emplois sont concentrés dans les secteurs de la santé et de l’éducation. L’industrie et la construction, de leur côté, souffrent toujours de la baisse de l’activité.
L’Espagne termine donc l’année avec 2,7 millions de chômeurs, soit 130.000 de moins que l’année passée. L’emploi des femmes et des jeunes connaît également une période faste, la meilleure depuis 1996, même si ces deux groupes restent les plus impactés par le chômage.
Une précarité persistante
Mais si le gouvernement se félicite des effets à long terme de sa réforme, les syndicats pointent du doigt la précarité d’un grand nombre de salariés. Le secrétaire général de CCOO Unai Sordo a ainsi alerté sur « les bas salaires », souvent dérivés de contrats à temps partiel « subis ». Le Parti Populaire dénonce de son côté un « maquillage des chiffres » de la part du gouvernement, et le drame des fijos discontinuos. Ce type de CDI, né de la dernière réforme de la loi travail, permet à l’employeur d’avoir recours à un salarié à seulement certaines périodes de l’année, comparable à un contrat d’intermittent ou de pigiste. Un contrat particulièrement précaire mais qui est comptabilisé parmi les CDI.
Pour les experts toutefois, les chiffres 2023 demeurent très positifs. « Nous nous attendions à de la création d’emplois, mais pas autant ni tout au long de l’année, constate Santiago Carbó, professeur en analyse économique à l’Université de Valence, il y a toutefois des signaux de ralentissement de l’économie internationale qu’il faudra surveiller ». Le gouvernement espagnol, lui, a déjà annoncé une nouvelle augmentation du salaire minimum avant la fin du mois de janvier, sous réserve d’un accord avec les partenaires sociaux.