L’Espagne a-t-elle un meilleur système de retraites que la France ?

Retraites France Espagne

Durant cette année 2023, les retraites ont été réformées des deux côtés des Pyrénées, mettant en avant la question des séniors et leurs droits à une pension. Zoom sur les régimes de retraites français et espagnols.

Plus de 3 millions de personnes dans les rues (selon les syndicats), 1 million selon la police, les manifestations contre la réforme des retraites en France ont marqué cette année 2023. Des images de voitures en flammes dans les rues de Paris ont circulé dans tous les médias internationaux, poussant même le nouveau roi Charles III à annuler sa visite en France. Au même moment, aux Cortes Generales à Madrid, les députés votaient une réforme des retraites sous l’impulsion de Pedro Sanchez.

L’âge de départ à la retraite : éternellement repoussé ?

En France, l’âge de départ à la retraite a été décalé de 62 à 64 ans et se fera progressivement jusqu’en 2030. Côté espagnol, il faut attendre les 65 ans, voire même les 67 ans en 2027, pour profiter de la retraite.

Ce qui est de la loi, la France l’emporte. Mais dans la réalité ? L’écart reste le même. Actuellement, l’âge réel de départ à la retraite est de 65 ans en moyenne dans la Péninsule ibérique, contre 62,4 ans en France, en 2021. Qui l’emporte ? La France : 2 – l’Espagne : 0.

Cet âge limite de départ à la retraite s’accompagne d’un autre élément important : le nombre d’années de cotisations durant sa carrière. Et dans ce cas-là, c’est l’Espagne qui marque le point. Pour toucher une pension de retraite complète, les Français doivent cotiser pendant au moins 43 ans. En Espagne, il est possible de partir à la retraite dès 65 ans si l’on cotise au moins 37 ans et 9 mois. A partir du 1er janvier 2024, il faudra avoir cotisé 38 ans pour profiter du même avantage. Enfin en 2027, ce sera au moins 38 ans et 6 mois de cotisations pour bénéficier d’une retraite complète à 65 ans.

Retraites France Espagne
Photo : Anaëlle Petot/Equinox

La tendance à repousser cet âge légal de départ à la retraite n’est pas propre à la France ou l’Espagne. L’Europe toute entière suit cette direction, car le Vieux Continent fait face à un vieillissement de sa population. Il y a donc moins de travailleurs actifs pour financer les retraites des séniors, de plus en plus nombreux avec l’espérance de vie qui augmente (or pandémie de Covid-19).

En Espagne, comme en France, le régime des retraites se fait principalement par répartition, autrement dit en temps réel : les travailleurs actuels paient pour les retraites de leurs séniors. Des systèmes privés “bonus” sont tout de même accessibles, comme les fonds de pension ou les assurances vies. Ces épargnes permettent de mettre des fonds de côté pour les toucher au moment de la retraite.

Une meilleure retraite (plus tardive) sous le soleil d’Espagne ?

Que ce soit Barcelone, la Costa Brava, ou même Majorque, la Catalogne, et plus largement l’Espagne, sont des destinations plébiscitées par les séniors pour vivre leurs années à la retraite. Pourtant, de part et d’autres des Pyrénées, les caisses de la Sécurité sociale sont fragiles face au vieillissement de leur population.

retraites France Espagne
Photo : Clémentine Laurent/Equinox

Les travailleurs, espagnols comme français, ne sont pas assez nombreux pour financer les pensions actuelles. Les Etats doivent donc compenser, parfois en s’endettant.

Afin de combler ce manque, le pouvoir espagnol a décidé de faire cotiser davantage les Espagnols ayant les salaires les plus élevés. Une décision décriée par le patronat, mais saluée par les syndicats des employés. Cette réforme a été vivement appuyée, voire même exigée, par la Commission européenne, qui, en contrepartie, attribue les aides financières de relance aux États européens.

Si globalement, on travaille plus longtemps en Espagne qu’en France, les montants des pensions de retraite restent sensiblement les mêmes des deux côtés de la frontière. Les retraités français touchent une pension moyenne de 1 366 euros net par mois, selon la Drees (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). En Espagne, la moyenne est de 1 376,4 euros, selon le gouvernement.

Alors, si les montants des pensions sont les mêmes, mais que l’on travaille plus longtemps en Espagne, la palme de la meilleure retraite est donc décernée à la France. Pourtant, les mobilisations les plus massives se sont récemment déroulées au nord des Pyrénées.

Les inégalités femmes-hommes : un problème transfrontalier

Les retraitées françaises touchent en moyenne 38% de pension en moins par rapport aux hommes, selon la Drees. Si l’on prend en compte la pension de réversion, attribuée aux veufs et veuves, l’écart se réduit à 24 %, mais existe toujours.
Côté espagnol, les hommes touchent en moyenne 1321 euros par mois, contre seulement 884 euros pour les femmes. Elles perçoivent donc un salaire inférieur de 33 % à celui des hommes.

Cette inégalité a d’ailleurs fait polémique durant l’examen de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, accusée de pénaliser davantage les femmes.

Si l’Espagne et la France font face aux même enjeux sur l’épineux dossier des retraites, les stratégies pour y remédier diffèrent, notamment dans leur forme. Alors qu’à Paris, c’est le 49.3 qui a légiféré la dernière réforme, à Madrid, le « pacte de Tolède » fait loi. Cette commission parlementaire, incluant tous les partis politiques espagnols, a été créé en 1995 pour dépolitiser la question des retraites et trouver un consensus national. Les personnalités de gauche saluent un échange continu avec les syndicats, alors que ceux de droite pointent du doigt un poids bureaucratique qui empêche de réformer concrètement le système des retraites.

 

Lire aussi : La Catalogne, destination des retraités heureux.

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