Pour les Français.es vivant à Barcelone, Noël se résume à deux choses : organiser la dernière raclette avec tes amis et trouver un billet pour rentrer en France un peu moins cher que le PIB du Guatemala.
Billet d’humour par Jungle Mymy, de la Piscine Comedy Club.
Peu importe que tu aies le salaire d’un stagiaire à mi-temps en call center ou celui d’un CTO de Poblenou Valley … Noël a cette magie de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. La moitié d’entre nous ont fini dans le siège arrière d’un covoit obscure, jamon de gla sur les genoux, entre un chat et son ficus et un mec qui voyage partout avec sa trot- électrique pimpée avec les restes du Concorde (oui, certains pensent que traverser le mur du son en trottinette pour aller à la boulangerie, c’est une bonne idée). L’autre moitié dans un Flixbus, qui est le seul transport où un rhume, le nez bien bouché, est une bénédiction. Seuls les 1% ont pris un Ryanair. Et le regrettent.
Mais bon, le jeu en vaut la chandelle ! Tu sais qu’à l’arrivée, tu es parti pour un marathon de la pâtisserie, la vraie, avec du pain, du vrai, et du fromage, du vrai, bref du chauvinisme français, du vrai… L’énorme avantage quand on vit en expatrié.e, loin de sa famille et ses ami.e.s, est que même si elle est aussi dysfonctionnelle que les Simpson sous kétamine, les retrouvailles ressemblent toujours à un épisode de la Petite Maison Dans La Prairie. Et celles avec tes amis à un épisode de Friends (cette année sans Chandler snif…) .
Du coup, pour les fêtes, tu es reçu comme le messie (sans le -e pour les fans du GOAT). Surtout à l’apéro vu que ton sac est plein de charcuteries et de liqueurs en tout genre. Puis, après t’être repu de 6 camemberts à la truffe et 8 éclairs en chocolat en un goûter, la nostalgie de tes origines catalanes commence à pointer le bout de son nez et tu te transformes tranquillement en super cona.. heu bilingue de Barna, « oui, parce que Barça c’est un club de foot, ok ?! », qui cherche ses mots en français. Alors qu’à Barcelone, dès que tu dis « Hola », on comprend bien que tu n’es ni de la famille de Puigdemont ni de celle de Juan Carlos.
Subitement, attendre une demie-heure en terrasse pour un café con leche, c’est le signe d’ une qualité de vie « In- Cro- Ya-Ble, tio». Alors qu’on sait tous que toute l’année, ça te fait péter les plombs. Et à tout moment, tu es prêt à dropper que l’autre jour tu as croisé Manu Chao.
En gros, tu te la pètes dans la vraie vie comme tu le fais le reste de l’année sur ton Instagram avec tes photos du ciel et de tout thermomètre que tu trouves comme si tu bossais pour la météo.
Pour ceux qui ont des enfants, c’est différent. C’est le moment de leur expliquer que, non, les crèches ne font pas forcément 2 mètres de haut, que les guirlandes sur des palmiers, c’est quand même décalé, que frapper Mamie avec sa canne en bois pour qu’elle leur chie des cadeaux sous sa couverture, ça ne fonctionne pas, non… c’est pas mieux avec Tonton, même si tu l’appelles tio, que Papi ne va pas passer tout son Noël à jouer à la loterie et qu’il faudra attendre le retour à Barcelone pour que des Rois mages leur jettent violemment des bonbons au visage du haut de leur camion.
D’ici le 15 janvier, tout le monde sera rentré au bercail, la valise pleine de comté, et surtout le bonheur de retrouver son chez-soi catalan, sa famille d’ici, celle que l’on choisit et ses fenêtres d’anniversaires, comme dirait l’amigo Amaury.
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