Au XXe siècle, le quartier La França devait voir le jour dans la ville de Barcelone. Mais un grand événement international a freiné le projet de construction.
Barcelone et ses myriades de blocs quadrangulaires auraient pu compter un énième quartier. Et celui-ci était un clin d’œil au voisin français de la péninsule ibérique. Imaginée par l’architecte Josep Amargós, La França aurait dû se situer dans la continuité de l’Eixample de Cerdà avec les mêmes îlots urbains octogonaux. Cependant, ce projet n’a jamais vu le jour à cause de l’Exposition internationale de Barcelone, en mai 1929.
Cet événement, à ne pas confondre avec l’exposition universelle, vise à dévoiler les nouvelles avancées techniques en architecture et à diffuser l’image de l’industrie catalane à l’étranger. Grâce à ce rendez-vous international, Monjuïc a été repensé et réaménagé… au détriment du quartier La França.
Une zone négligée par le plan Cerdà
Au début du XXe siècle, l’architecte Amargós avait remporté un appel d’offres de la municipalité de Barcelone. Celui-ci consistait à développer une zone qui jusqu’alors avait été délaissée : la montagne de Montjuïc. Effectivement, aucun projet d’urbanisme n’avait été lancé à l’époque. La zone concernée s’étendait de la rue de Radas, à Poble-sec, jusqu’à Font de la Guatlla, une zone omise par le plan Cerdà. « Justement, la proposition de l’architecte Amargós, également auteur de l’Hivernacle du Parc de la Ciutadella, a suivi le dessin des rues de l’Eixample et a créé, comme Cerdà, des îlots adaptés au relief de la montagne », rappellent nos confrères de Bétévé.
L’Eixample d’Amargós fut approuvé en 1890, mais peu après il se heurta aux projets de Francesc Cambó d’organiser une nouvelle exposition internationale, après le succès de celle de 1888. Ses projets visaient également à construire totalement le site de Montjuïc. De cette manière, le quartier de França d’Amargós a été divisé en deux parties : une à Poble-sec et l’autre à Font de la Guatlla, avec l’avenue Reina Maria Cristina et les pavillons de l’exposition au milieu. Finalement, le projet Amargós n’a fini par se développer que partiellement, dans le Poble-sec.
Un quartier de Français à Barcelone
Mais cela ne vous aura pas échappé, le nom de ce quartier renvoyait à la France et serait lié à, déjà, une forte présence française sur place. Certains experts expliquent qu’à la fin du XIXe siècle, de nombreux Français travaillaient dans le port de Barcelone ou dans les usines environnantes et vivaient donc dans cette zone de la cité comtale. Par ailleurs, l’ancienne paroisse de Santa Madrona, érigée dans le quartier, a été la première de toute l’Espagne à avoir une chapelle dédiée à Notre-Dame de Lourdes, une Vierge qui avait de nombreux fidèles français.
D’autres pensent que ce nom est lié à l’origine française de certains de ses habitants qui exerçaient dans les théâtres ou cabarets du Paral·lel. Une présence qui a insufflé un air de bohème dans la cité comtale. Et un véritable petit air de France… à Barcelone.