Il y a plus de 50.000 français résidents à Barcelone, de tous âges, tous métiers et venus de tout l’Hexagone. Une diversité sociale qui présente cependant de nombreux points communs. Passage en revue.
Un accent typique…
Souvent, on reconnaît un Français qui parlent en espagnol à peine a-t-il prononcé son premier « rrrr ». Le plus délicat restant de commander un « zumo de naranja » dans un bar.
…. et une prononciation atypique des lieux en catalan
Passeig de Gràcia, Eixample, Glòries. Ces noms emblématiques ne sont pas toujours correctement prononcés par les Français de Barcelone. D’ailleurs, pour éviter d’avoir l’air d’un touriste, et pour parler véritablement local, Jemima, Barcelonaise, a dicté pour Equinox la vraie prononciation de ces principaux lieux de la cité catalane. Un passage à retrouver en vidéo :
… et finalement on leur répond en anglais !
La phrase : « ¿ Me entiendes cuando te hablo en español? » ou un usage exclusif de l’Anglais est souvent le traitement quotidien réservé aux expatriés. Miguel du bar Electricitat, interrogé par Equinox, reconnaît lancer un « good morning » quand une personne blonde et claire de peau entre dans son établissement situé près de la plage de Barcelone. « Ce sont des gens du nord de l’Europe », analyse le commerçant qui cherche par là à rendre service à une population qui ne parlerait pas espagnol. Sa voisine Meritxell de Cafès Salvador s’exprime directement en anglais quand une personne pénètre dans sa boutique sans la saluer.
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Ils ont galéré pour obtenir leur NIE
Depuis plusieurs années déjà, les prises de rendez-vous ne sont pas plus faciles pour décrocher le fameux numéro de résident étranger en Espagne : le NIE. Ce sésame, indispensable pour vivre à Barcelone, est de plus en plus difficile à obtenir. Non pour le dossier à constituer, assez simple, mais pour le peu de rendez-vous disponibles.
Moins de personnel, retards découlant de la pandémie mais aussi de la crise des réfugiés ukrainiens, les raisons expliquant la faible disponibilité des services dédiés aux étrangers sont multiples. Mais c’est en Catalogne que la situation est la plus critique. Il faut en moyenne deux à trois semaines pour obtenir un rendez-vous dans la banlieue de Barcelone. Les créneaux dans la capitale catalane sont presque inaccessibles, mieux vaut donc élargir la recherche aux communes limitrophes, voire à toute la province.
Pour une demande de NIE plus sereine, il est conseillé d’effectuer les démarches dans un consulat d’Espagne en France. La non obtention du précieux sésame n’empêche toutefois pas de commencer à travailler. L’entreprise peut demander une inscription à la sécurité sociale sous un numéro d’identité français, et dispose de 30 jours pour lui fournir le NIE. Mais les démarches sont devenues si longues, que de nombreuses entreprises demandent maintenant le NIE avant tout recrutement. Une embûche de plus pour les nouveaux Français de Barcelone.
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Ils cherchent du fromage à raclette
Grand classique des soirées d’hiver, l’appareil à raclette fait souvent partie des bagages des Français de Barcelone. Quelle déception quand le supermarché du coin ne possède pas le précieux fromage. Heureusement, il y a toujours une boutique française, ou une fromagerie pointue qui détient l’indispensable fondant crémeux.
Ils se plaignent du marché immobilier
Habitués aux habitations à loyer modérés et autres APL, quelle déconvenue lorsqu’un Français pénètre dans la jungle immobilière barcelonaise où le propriétaire est le seigneur tout-puissant et que l’État brille de son absence. Un marché sous tension qui met la pression aux natifs comme aux nouveaux venus. Avec un prix moyen du bail qui dépasse désormais les 1100 euros.
Ils fuient quelque chose, souvent leur famille
En général, ce sont des personnes qui ont, soit besoin de distance avec leur environnement familial ou de vivre de nouvelles expériences, des personnes assez indépendantes et aventurières. L’expatriation sert à assouvir des besoins personnels à un moment donné de leur vie, analyse la psychologue barcelonaise Caroline Gourdier.
Pratiquants du fragnol
« Hola, comment tu vas, tu es revenu de baja ? », « Tu prends du sucre dans ton con leche? » . Le mélange des langues françaises et des expressions espagnoles donnent un joyeux langage connu sous le nom de Fragnol. Mais ça vous sonne de toute façon, verdad ?
Ils partagent la météo sur leurs stories Insta pour narguer leurs proches en France
En Catalogne, on compte environ 300 jours de soleil par an. C’est bien plus que certaines grandes villes françaises, comme Paris, avec seulement 200 jours par an. Les Français de Barcelone sont donc nombreux à venir chercher la lumière à Barcelone : 75 % des expatriés ayant répondu à un sondage sur la page Instagram d’Equinox se sont installés dans la ville pour son ensoleillement. Et une écrasante majorité, 98 %, estime que le soleil les rend heureux.
Ils disent se sentir plus en sécurité à Barcelone qu’en France
Chaos au stade de France, émeutes ou harcèlement de rue entre autres. Pas un jour ne passe sans que l’insécurité n’occupe une place prépondérante dans l’actualité en France. Nombreux sont les Français à Barcelone qui se sentent plus en tranquillité dans la capitale catalane.
« Je peux rentrer toute seule chez moi après une soirée sans avoir peur de me faire agresser, je me sens plus tranquille ». Liya, 24 ans se dit plus détendue à Barcelone qu’à Toulouse. « C’est sûr que des fois, il y a des regards qui mettent mal à l’aise, mais ça ne va jamais plus loin, ni dans l’insulte, ni dans les gestes », analyse celle qui travaille aujourd’hui dans le design pour une entreprise de livraison barcelonaise.
« Il y a un grand manque d’éducation chez les hommes de tous âges en France que l’on ne retrouve pas dans la société barcelonaise », confirme Estelle, 28 ans, freelance dans le marketing. « J’ai habité La Roche-sur-Yon, Nantes et Lille, et je ne compte plus le nombre de fois où l’on m’a suivie, insultée, et agressée dans les rues, alors qu’ici je suis tranquille, je ne me pose pas de questions avant de sortir le soir », confie sereinement la Française qui vient de se marier avec un Catalan. « Il y a beaucoup moins de harcèlement de rue pour les femmes et plus de liberté pour s’habiller », poursuit Marine. Pourtant à Barcelone, tout n’est pas si rose. Avec 120 délits pour 1000 habitants, Barcelone est la ville qui présente le plus fort taux de délinquance en Espagne, loin devant Marbella (80 pour 1000) puis Madrid (74 pour 1000). Nombreux sont les observateurs qui attribuent cette sur-délinquance au tourisme et à son corollaire : les pickpockets. Les mafias et délinquants choisissent de venir vivre à Barcelone pour commettre des larcins sur le public facile du tourisme de masse. Une fois sur place, les voleurs ne différencient plus les touristes et les locaux.
Ils lisent Equinox
Et nous leur disons : merci !
