Le froid a pointé le bout de son nez à Barcelone. Mais c’est quoi l’hiver, réellement, dans la cité catalane ? Amaury, stand-upper français de Barcelone, répond à sa façon. Billet d’humour par Amaury Aime, du club Comedy de comptoir.
Tu sais, tu sens que c’est l’hiver à Barcelone quand il fait la même température dehors que chez toi : 15 degrés. 15 degrés dans son salon ne devraient pas être une température, mais au mieux un angle. Un ami me répète souvent qu’à Barcelone, nous avons des fenêtres d’anniversaire. Je vous laisse vous imprégner de l’image : un souffle continu, n’éteignant jamais une seule bougie.
À Barcelone, nous vivons l’hiver au plus proche. La plupart d’entre nous n’avons pas de chauffage. Donc la dernière fois, moi, j’avais froid. Pour me réchauffer, j’ai commencé à courir dans mon salon. Chacun sa technique. Mon voisin m’a vu et m’a dit : « L’opération bikini, c’est fini ». J’ai tout de suite pensé : Pauv´con ! Et puis, je lui dis : « Tu n’aurais pas l’idée de mettre un chauffage au lieu de te foutre de moi ? Vu que c’est toi le proprio. » Il a refermé sa fenêtre. Comme quoi, c’est vraiment un sujet qui fâche, en Catalogne, l’argent.
Autre particularité de l’hiver à Barcelone, et des plus étonnantes : il y a encore des moustiques. Il est bien loin le temps où le respect existait, le temps où il y avait des règles. Avant, les moustiques ne piquaient que la nuit, pas le jour. Et surtout, ils ne piquaient pas en hiver !
Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime l’idée de m’imaginer les moustiques d’autrefois comme un vieux clan mafieux, avec des règles, avec du respect. Un clan manœuvré par un leader : Don Kipic. Un grand chef qui, dès l’arrivée de l’hiver, sommerait ses troupes de nous laisser tranquilles jusqu’au printemps prochain. Mais cette époque est bien révolue. Les moustiques d’aujourd’hui n’en ont plus rien à secouer. Pour eux, il n’y a plus de saisons, ils font clairement les 3/8 ! En plus, avec la nouvelle génération : les tigres. Ils sont tellement énormes qu’on dirait des libellules. Et eux, ils piquent, en plein jour, en plein hiver et droit dans les yeux !
Alors cet hiver encore, à Barcelone, nous rêvons de chauffage, de cheminée. Nous opérons dans l’ombre de chez nous, en double jogging, chaussettes de foot et crocs moumoute. Stalactites sous les narines et orteils violets. Dans les colocs, celui qui fait la vaisselle n’est qu’un prétexte pour se réchauffer les mains. Mais en réalité, nous ne changerions de ville pour rien au monde. Car dans quatre mois, c’est l’été.