Se faire soigner à Barcelone : entre angoisse et espoir

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Le goût de la recherche médicale, jusqu’au quotidien à Barcelone. Ici, lorsqu’il s’agit de santé, les expatriés français reconnaissent la compétence espagnole. Mais ils regrettent parfois quelques pratiques françaises. Témoignages.

Il y a des privilèges qui ne s’expatrient pas. En France, la santé fait partie des savoirs-faire les plus appréciés. Parfois regrettés, d’autres fois non. Car à Barcelone, la médecine n’a pourtant rien à envier à sa voisine. « Le système est très bien fait, parce que tout est gratuit en passant par le système public, si on a un contrat de travail », témoigne Christine, 39 ans. Sur ce point, l’ensemble des témoins interrogés par Equinox s’accordent. « C’est bien étudié, mais ça tarde un peu niveau des prises de rendez-vous. »

Mieux vaut ne pas trop stresser en cas de problème alors. Encore moins si urgence, il n’y a pas. Car selon cette maman originaire de région parisienne, installée à Barcelone depuis quatre ans, « Barcelone manque de médecine préventive ». Celle qui n’a pas été vaccinée contre le cancer du col de l’utérus et le papillomavirus avait néanmoins souhaité se faire tester. « Je suis totalement dans la cible », assure-t-elle. Mais plusieurs mois après avoir fait sa demande, sa gynécologue lui a dit d’attendre trois ans pour un prochain frottis. Car son dernier en date remontait à un an plus tôt, « donc je ne rentrais pas dans les critères ». Patience.

Un manque de prévention et de suivi ?

Christine doit alors encore en faire preuve, avant de savoir si oui ou non, elle doit continuer à s’inquiéter. Un manque de facilité regretté par Thomas, Nantais de 28 ans. « En France, on avait les contrôles dentaires offerts jusqu’à un certain âge tous les ans via le programme M’T dents. Ici, ça n’existe pas en prévention », se désole-t-il. Lui, a parfois tendance à être nostalgique de la santé française. De son médecin de famille, toujours le même, contrairement à celui de Barcelone qu’il dit ne jamais avoir vu. De la rapidité des soins. Du suivi, de l’accompagnement.

Sur ce point, Jennifer, 35 ans, avoue que les docteurs barcelonais penchent un peu. Pourtant, cette mère originaire de Cannes est encore aujourd’hui très reconnaissante de la médecine espagnole. Ici, grâce à la persévérance des spécialistes et leur force dans le domaine de la recherche, son bébé de 19 mois a reçu le bon diagnostic. Elle sait désormais qu’il porte une maladie neurodégénérative rare, difficile à déceler. « Ils ont été très rapides. Ils n’ont jamais arrêté et en quatre mois, ils ont trouvé », explique-t-elle. Mais pour le côté rassurant, il faudra repasser. Ou bien traverser la frontière. « Autant ils ont été très bons sur le verdict, autant dans l’annonce et la gestion, je les ai trouvés très mauvais. L’approche est plus empathique en France. » 

Depuis plusieurs mois, elle et son compagnon attendent un rendez-vous pour savoir s’ils sont porteurs du gène qui touche leur enfant. Le service génétique ne prévoit pas de date avant février 2024, soit un an après la découverte de la maladie. Tandis que dans la capitale française, l’heure est davantage au conseil et aux contrôles. « Ils nous rassurent. »

« On se retrouve parfois à passer pleins d’examens »

Ferait-il donc mauvais être hypocondriaque à Barcelone ? Ce n’est pas Victoire, 28 ans, qui contredirait la théorie. Car en France, selon elle, c’est plutôt celle de « moins, tu vas chez le médecin, mieux, tu te portes ». Alors qu’à Barcelone, la Parisienne installée ici depuis deux ans, constate plutôt l’inverse. « On se retrouve parfois à passer plein d’examens, limite, on te prévoit déjà une opération », rigole-t-elle.

Encore récemment, un dentiste lui a prescrit le retrait de plusieurs dents et la pose d’un appareil dentaire. Choses qu’elle n’avait jamais entendues auparavant en France. Alors, quelques fois, elle l’avoue, la jeune expatriée, contrainte d’aller se soigner dans le privé par manque de contrat de travail local, a encore tendance à faire un double diagnostic auprès de ses connaissances dentistes, docteurs ou chirurgiens. De peur, aussi, de tomber dans des dépenses superflues.

« Je pense qu’en France, ils sont plus mesurés et moins stressants », estime-t-elle. Avant de reconnaître : « Mais le jour où on a vraiment des soucis, au moins, on peut le savoir rapidement. Ils prennent tellement de précautions. » Après tout, il vaut mieux prévenir que guérir, dit aussi la médecine.

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