Dans cette nouvelle chronique, Equinox rencontre les bons vivants de Barcelone, ces Français amateurs de petits plaisirs gustatifs. Ici, ils partagent leur menu idéal, français aux notes catalanes. Cette semaine, c’est la Camerounaise Antoinette qui invite avec une recette aux couleurs de ses racines. Avec, cerise sur le gâteau, les conseils de Romain Fornell, chef étoilé à Barcelone.
Antoinette, 47 ans, est arrivée avec un bout de papier à la main. Une recette qu’elle a écrite en prenant soin de noter les quantités de chaque ingrédient. « Il a fallu que je me concentre et que je réfléchisse parce que chez moi, on ne pèse pas », sourit celle qui vit à Barcelone depuis 22 ans. Chez elle, au Cameroun, les mamans préparent des marmites entières de plats pour des grandes familles d’une vingtaine de personnes. Elles passent des heures à nettoyer, couper et mijoter les produits. « C’est de la cuisine élaborée et qui prend du temps. » Celui nécessaire pour chouchouter chaque légume, chaque fruit, chaque viande dont les saveurs explosent en bouche.
Alors, quand Antoinette a quelques heures devant elle, elle aime chauffer les casseroles à l’africaine et inviter « 10 personnes, minimum » à sa table. En guise de souvenir des grands repas camerounais, généralement à base de poissons et fruits de mer. « Le poisson braisé, c’est de loin mon préféré ». Un peu comme le poulet rôti serait le pêcher mignon ou le plus universel chez les Européens. Mais à Barcelone, le temps, elle ne l’a pas toujours. Alors pour trouver le meilleur compromis, Antoinette a bel et bien quelques recettes sous la main. Mais toutes droites sorties de la tête… évidemment.
Quel plat aimes-tu préparer à l’heure de recevoir tes proches ?
Ça s’appelle le poulet DG, comme directeur général (rires). Non, en réalité, je ne sais pas pourquoi on dit DG. Mais ça vient du Cameroun. Et c’est un de mes plats préférés parce que je trouve qu’il est simple à faire et les ingrédients sont faciles à trouver. Il faut compter environ 1 h 30 pour le préparer, du début à la fin. C’est parfait pour, je dirais, quatre personnes.
Quelle est la recette ?
Il faut avoir un poulet entier ou des blancs de poulet. On n’enlève pas les os, parce qu’au Cameroun, on dit que ça garde les saveurs. On le coupe en petits morceaux, on sale, on poivre, on le réserve 10-15 minutes le temps qu’il macère puis on le fait frire dans l’huile qu’on veut, avec un oignon haché. Moi, je prends celle de tournesol, car c’est la plus neutre. Ensuite, on le met de côté pour s’occuper des bananes plantains, légèrement mûres. On les coupe en petites rondelles de la taille d’un doigt, avant de les passer à la friteuse ou à la poêle, à feu moyen pour ne pas les brûler. Quand c’est prêt, on réserve.
Ensuite, on s’occupe des légumes. Il faut prendre des haricots verts fins, je dirai 100 grammes. Trois poivrons verts, trois autres rouges, quatre tomates rouges, tout autant de carottes, un blanc de poireau, une branche de céleri et deux oignons. On coupe tous les ingrédients en dés, les haricots verts en trois ou quatre bâtonnets, les carottes en rondelles. On ajoute l’ail, le persil. On met le tout dans de l’huile chauffante puis on laisse mijoter à feu doux durant 5 à 10 minutes. La tomate sert de sauce, mais il faut ajouter un petit peu d’eau. Puis, on rajoute le poulet, pareil 5-10 minutes, puis les plantains, 5 minutes encore, et voilà, c’est prêt. C’est trop bon !
Que proposes-tu comme accompagnements ?
Pas besoin d’accompagnement. La viande, la sauce, les légumes, les fruits : tout est mélangé. C’est un plat complet !
Où trouves-tu les ingrédients ?
Au Mercadona ! Tout simplement. Ou bien dans les marchés qu’il y a dans chaque quartier. Les fruits et légumes, je les prends là-bas. Le poulet, j’aime bien l’acheter dans une boucherie Halal ou sinon à Bon Preu, car ils ont de la bonne viande.
Et ce que je peux, je le ramène du Cameroun. Parce que les saveurs là-bas sont inégalables ! Mon poivre blanc de Penja, obligé, il vient de là-bas. Une fois qu’on y goûte, on ne peut plus s’en passer.
Avec quelle boisson ?
Alors, du vin ou de la bière. Au Cameroun, on boit beaucoup de bières parce qu’il fait chaud, donc pareil ici, mais on prend de l’Alhambra. On la voit souvent dans des bouteilles vertes. Et en vin, j’aime bien le vin rouge : un Rioja ou un Ribera del Duero.
Où l’achètes-tu ?
Dans n’importe quel supermarché classique.
Bonus : le menu idéal par Romain Fornell, chef étoilé
Depuis 2002, Romain Fornell ne cesse de séduire les papilles des Barcelonais. Reconnu pour sa créativité, le chef français formé à l’École hôtelière de Toulouse était d’ailleurs le plus jeune cuisinier de France à obtenir une étoile Michelin. Pour Equinox, il propose deux petits plus pour parfaire ou accompagner le plat fétiche des Bons vivants de Barcelone, cette semaine donc, le poulet DG camerounais d’Antoinette.
- En entrée : thon mariné à la vinaigrette au gingembre
On va couper en fines lamelles du thon rouge de Méditerranée. On met un peu de papier film et on l’aplatit pour qu’il soit très fin puis on le marine avec une vinaigrette à base de gingembre. On va rapper le gingembre, le mélanger avec de la sauce soja, du romarin et du citron vert. Avec cette vinaigrette, on fait mariner le thon, puis on le sert avec quelques tranches d’avocat et des fines lamelles de radis. L’astuce, c’est de mettre les radis dans l’eau glacée pour qu’ils soient bien fermes, et qu’ils donnent du croustillant à la recette.
- En dessert : ananas piña colada
Pour faire ce dessert, on enlève le cœur de l’ananas, on le pèle et on le fait mariner dans un mélange coco-rhum. On peut même acheter la piña colada déjà faite, pour que ce soit plus facile. Ensuite, on coupe l’ananas en lamelles et on le sert avec de la glace pilée avec quelques zestes de citron vert dessus. Et voilà !
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