Poblenou et Montjuic, les principaux cimetières de Barcelone sont des merveilles architecturales et artistiques. Une visite pas comme les autres.
Le cimetière de Montjuic
Inauguré à la fin du XIXe siècle pour soulager les cimetières du centre-ville, le jardin de Montjuic est un endroit forcément paisible, aux escaliers pavés et ruelles ombragées, face à la mer. Comme dans la chanson des Négresses Vertes.
Pour ne pas dénoter du reste de l’architecture barcelonaise, c’est le style moderniste qui colle à la peau des tombes, mausolées et monuments funéraires. Les familles, très proches de Gaudí, comme celle de Batlló y possèdent leurs dernières demeures. L’influence est là.
D’ailleurs, comme tous les cimetières des grandes villes, Montjuic abrite les dernières demeures des notables locaux, dont certains jouissent d’une notoriété outre-tombe. Ainsi, la colline de Montjuic est la résidence définitive du poète catalan Jacint Verdaguer, auteur entre-autres de l’Atlantide. Sa tombe est un monument original en forme de pierre. Le lieu reste l’endroit de pèlerinage de tous les amoureux de la littérature catalane.
À l’extrémité de la nécropole se trouve le “Fossar de la Pedrera” : originellement, une fosse commune, d’ailleurs surutilisée pendant la guerre civile par l’armée franquiste, pour y abandonner ses victimes. Avec le rétablissement de la démocratie, le lieu s’est converti en un endroit de souvenir mémoriel. On y retrouve un hommage aux martyrs du nazisme, du franquisme ainsi qu’un mausolée honorant Lluis Companys, le président de la Catalogne fusillé par l’armée franquiste.
Le cimetière de Poblenou
Le cimetière de Poblenou, également appelé Le vieux cimetière ou Le cimetière de l’Est, a été inauguré en 1775, puis rénové en 1819 par l’architecte néoclassique Antoni Ginesí. Il a été édifié en réponse aux problèmes d’insalubrité causés par les fosses paroissiales qui existaient à l’intérieur de la vieille ville. À l’époque, Poblenou n’était que champs. On décide alors d’y fonder le cimetière, à l’écart des vivants.
Poblenou accueille, lui aussi, son lot de célébrités, comme la famille de Salvador Dalí. Originaire de Cadaqués, son grand-père a décidé d’émigrer à Barcelone en 1991, accompagné de toute la famille. Celle d’un autre peintre célèbre se trouve également ici : Pablo Picasso. Né en Andalousie, il s’installe avec sa famille dans la capitale catalane à l’âge de 14 ans. Ses parents y resteront et seront enterrés dans cette nécropole. Quant à Picasso, ses restes se trouvent dans les jardins du château de Vauvenargues, en France.
L’incontournable “baiser de la mort” est la statue la plus emblématique du cimetière. Située à la fin de la visite, dans un cul-de-sac, l’œuvre de marbre représente un squelette ailé, la mort, venu embrasser un défunt, symbole du passage dans l’au-delà. Placée en hauteur, les visiteurs restent généralement à la contempler de longues minutes, comme captivés.
Un moment de douceur et de cruauté, de beauté et de laideur : en une poignée de secondes, les émotions contraires s’entremêlent. Quelques vers sont posés sur la tombe : « Son jeune cœur n’en peut plus, / dans ses veines, son sang cesse de couler et se fige / et son souffle perdu embrasse la foi / en se sentant tomber sous le baiser de la mort ».